Mardi 17 juillet, vélo, risotto, et à l’eau …
Déjeuner à Genève c’est le plus souvent poser son postérieur au café du coin, commander un café, ou un espresso, un croissant, éventuellement une tartine, un pain au chocolat les jours de fêtes. C’est simple, et bon. En Serbie le déjeuner c’est plutôt une assiette de charcuterie (voir la note vendredi 20 juillet pour une plus ample description), du yogourt, une omelette. Mais moi j’ai envie d’un pain au chocolat – après tout : c’est les vacances. Je descend donc au bas de ma rue dans un café-bar lounge réputé pour ses gâteaux, ses sièges cossus, sa musique électronique fade qui n’a rien à envier à celle que nous rabattent chaque été nos djs locaux branchés soit dit en passant fin de la parenthèse, et ses blondes péroxydées qui viennent le soir chercher un partenaire musclé qui aurait réussi dans les affaires. Déception : à cette heure pas de blondes peroxydées. Pire encore, pas de croissant ni de pain au chocolat. Je vais donc engloutir une tranche de forêt noire très riche en calorie, très cacaotée puisque même la crème chantilly habituellement blanche est noire ! Avec un espresso minuscule, c’est un déjeuner tout à fait atypique qu’il m’est donné de consommer, n’empêche : c’est drôlement bon. Mais après ça, place au sport…
Un vélo pour la journée coûte à Belgrade au bas mot dix fois moins cher qu’ici, en Suisse, et c’est à vous dégoûtter de rentrer au pays. Il n’est pas demandé de payer à l’avance, ni quand est-ce que vous comptez rendre le vélo. Ce dernier est dans un parfait état et une longue ballade au bord du Danube peut commencer en remontant d’abord la Save sur environ deux kilomètres jusqu’au premier pont reliant le centre-ville et Novi Belgrade. Là il est proposé de prendre un ascenceur pour grimper sur la passerelle de béton, une idée qui vous économise un énorme trajet ainsi que le trafic routier intense aux abords du pont en question. À ma grande surprise je découvre qu’il y a un monsieur dans l’élevateur qui est là pour appuyer sur le bouton, et accessoirement faire signe aux cyclistes de se dépêcher de monter. Il n’a pas l’air tellement heureux, il faut dire qu’appuyer sur monter et descendre une journée entière ça doit carrément donner envie de rendre son petit-déjeuner. Je le remercie et file à vive allure rejoindre la rive opposée, puis j’accompagne la Save jusqu’au Danube et remonte celui-ci sur une piste cyclabe joliment disposée dans un immense parc de gazon partiellement brûlé par le soleil estival. Les ombres des arbres épars sont comme autant d’oasis de fraîcheur et le spectacle des barges qui font office de clubs et restaurants, flottants tout au long des deux fleuves, est une expérience inédite. À cette heure-ci la plupart sont bien sûr fermés, prenant des airs délaissés, coquilles vides qui ne demanderaient qu’à se laisser aller le long du Danuble et son lent cours immuable. Cette jolie ballade me mène enfin à Zemun, jolie bourgade coincée entre Novi Belgrade et le Danube et qui garde un aspect rural, et même austro-hongrois d’après le guide touristique. Cette pause à Zemun sera l’occasion pour moi de déguster un très bon risotto à la seiche et de me rappeller être tombé dans les années 90 et par le plus grand des hasards sur l’émission culinaire d’Alfred Bioleks : Alfredissimo!  un joli nom évocateur, bien que Achtung kochen! aurait été amusant aussi, mais peut-être moins convenable pour la télé allemande. L’invité ce jour là n’était autre que Blixa Bargeld, du groupe allemand mythique Einstürzende Neubauten, compositeur de la plus géniale chanson qu’il m’ait été donné d’entendre depuis la fin des années 80 : Haus der Luege. Il fut aussi guitariste au sein des Bad Seeds de Nick Cave, lorsque celui-ci faisait encore de la bonne 
 musique…  Pour celles et ceux qui ignorent tout de Blixa Bargeld, de son vrai nom Christian Emmerich, sachez que c’est un sympathique et original dandy toujours de noir vêtu à la voix proche de celle de l’acteur Otto Sanders* et qu’il est un aussi un amateur de bonne chair. Durant cette émission* Blixa prépara un risotto à l’encre de seiche du plus bel effet, accompagné d’un pinot blanc de la région de Baden. Moi le mien sera de la région de Vrsac si je me souviens bien, un lieu réputé pour ses vignobles, dans la partie serbe proche de la Roumanie. Un régal, le vin, comme le risotto noir.
musique…  Pour celles et ceux qui ignorent tout de Blixa Bargeld, de son vrai nom Christian Emmerich, sachez que c’est un sympathique et original dandy toujours de noir vêtu à la voix proche de celle de l’acteur Otto Sanders* et qu’il est un aussi un amateur de bonne chair. Durant cette émission* Blixa prépara un risotto à l’encre de seiche du plus bel effet, accompagné d’un pinot blanc de la région de Baden. Moi le mien sera de la région de Vrsac si je me souviens bien, un lieu réputé pour ses vignobles, dans la partie serbe proche de la Roumanie. Un régal, le vin, comme le risotto noir.
Le reste de la journée s’est passé sur le vélo, puis à Ada Ciganlija, la plage et le lac artificiels de Belgrade très en amont sur la Save. Un endroit agréable pour les chaudes journées pour peu que vous aimiez la musique. En effet chaque buvette / bar qui s'y trouve, à environ vingt mètres d'intervalle, propose de la techno, musique latino, turbo-folk etc ambiance club med’ garantie. J’y ai pris un café glacé, un bon bain ainsi qu’un coup de soleil. La routine en somme…
À suivre …
* L'émission avec Blixa : http://www.youtube.com/watch?v=PdBrATEMPjM
** Otto Sanders joue, entre autres, dans Les Ailes du Désir de Wim Wenders
 La capitale serbe est en somme un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme, pour reprendre les mots de Winston Churchill à propos de la Russie. Cette ville n’est ni réellement accueillante, ni totalement repoussante, et il faudra plusieurs jours pour découvrir ses multiples facettes, bonnes et mauvaises. Il s’y dégage une atmosphère propice à la flânerie, à l’errance, à une forme de dérive qui fait écho au procédé des situationnistes, se définissant comme une technique du passage hâtif à travers des ambiances variées. Après avoir dérivé le flâneur finit par échouer sur la terrasse de l’un des nombreux cafés de la ville. Les bières y sont bon marché, ainsi que la nourriture, dont les célèbres cevapcici, héritées de l’empire Ottoman. Qui dit Cevap, dit restaurant Walter Sarajevo. Le nom intrigue, plus encore lorsque vous découvrez son panneau extérieur représentant un homme muni d’un fusil en joue ! Il me faudra attendre quelques jours pour en apprendre plus sur le nom de ce restaurant et son logo invraisemblable. Il s'inspire du film yougoslave très populaire de 1972 : Valter brani Sarajevo (Walter sauve Sarajevo). Inconnu (et introuvable) dans nos contrées, le film a eu un succès monumental dans la Chine communiste avec plus de 350 millions de spectateurs. Son héros – Valter – passe son temps à dégommer des soldats allemands pendant la seconde guerre mondiale. Le protagoniste a réellement existé. Mort en 1945 à Sarajevo, il est devenu l’image même de la résistance à l’occupant nazi. Le jour avant mon départ pour la Suisse je vais trouver une copie DVD de Valter brani Sarajevo et la rapporter comme souvenir de ce voyage surprenant.
La capitale serbe est en somme un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme, pour reprendre les mots de Winston Churchill à propos de la Russie. Cette ville n’est ni réellement accueillante, ni totalement repoussante, et il faudra plusieurs jours pour découvrir ses multiples facettes, bonnes et mauvaises. Il s’y dégage une atmosphère propice à la flânerie, à l’errance, à une forme de dérive qui fait écho au procédé des situationnistes, se définissant comme une technique du passage hâtif à travers des ambiances variées. Après avoir dérivé le flâneur finit par échouer sur la terrasse de l’un des nombreux cafés de la ville. Les bières y sont bon marché, ainsi que la nourriture, dont les célèbres cevapcici, héritées de l’empire Ottoman. Qui dit Cevap, dit restaurant Walter Sarajevo. Le nom intrigue, plus encore lorsque vous découvrez son panneau extérieur représentant un homme muni d’un fusil en joue ! Il me faudra attendre quelques jours pour en apprendre plus sur le nom de ce restaurant et son logo invraisemblable. Il s'inspire du film yougoslave très populaire de 1972 : Valter brani Sarajevo (Walter sauve Sarajevo). Inconnu (et introuvable) dans nos contrées, le film a eu un succès monumental dans la Chine communiste avec plus de 350 millions de spectateurs. Son héros – Valter – passe son temps à dégommer des soldats allemands pendant la seconde guerre mondiale. Le protagoniste a réellement existé. Mort en 1945 à Sarajevo, il est devenu l’image même de la résistance à l’occupant nazi. Le jour avant mon départ pour la Suisse je vais trouver une copie DVD de Valter brani Sarajevo et la rapporter comme souvenir de ce voyage surprenant.