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  • Voyage en Serbie (4)

    jeudi 19 juillet, les montagnes serbes ...

    Après avoir fait le choix judicieux de passer la grande partie de la matinée dans mon appartement, et pour ne pas tomber dans la routine, je décide ce jeudi après-midi de sortir de Belgrade. Je me fais conduire en voiture à la colline d'Avala après avoir constaté qu'il fallait prendre le tram et divers bus pour y arriver. L'aventure ce sera pour demain, ou samedi... le chauffeur de taxi me vante la région, les prix modérés pour l'achat d'une maison, me parle du piteux état de l'économie serbe, des faibles exportations, et me recommande la Macédoine proche, ainsi que la Grèce, mais moins la Croatie où les gens - à ses dires - profitent un peu trop du tourisme et ne sont pas toujours très sympathiques. Je vérifierai à l'occasion, on est arrivé. Belle journée, trente degrés, sans vent, la fraîcheur de la forêt n'est pas seulement la bienvenue - elle est quasi vitale. Un proverbe chinois dit qui veut gravir la montagne commence par le bas - futé... n'empêche, je me trompe légerement de chemin, et j'emprunte la route goudronnée. les 2 kilomètres de marche sont doublés, et la randonnée probablement moins pittoresque que sur le chemin forestier que je découvre à mon arrivée au sommet qui culmine à 500 mètres et quelques... ma mégarde est aussitôt remplacée par l'enchantement de découvrir un P1020239.JPGtrès bel hôtel-restaurant de style 1900 et soviétique à la fois - c'est accueillant en tout cas, et ça respire une autre époque. J'ai ressenti de pareilles émotions en Allemagne de l'est autrefois (mais après la chute du mur quand même) en arrivant dans un petit village sur une route pavée bordée de maisonnettes construites en briques rouges et où, en lieu et place de pont pour passer sur l'autre rive, il fallait prendre un bac qui coûtait 2 marks allemands pour la voiture et 1 mark par passager...  c'est un monde que la globalisation va bientôt engloutir à jamais - mais je m'égare à nouveau, et cette fois dans mon récit ! je continue donc ma route (la bière attendra) en me dirigeant vers la tour de la radio. Bombardée lors des feux d'artifices organisés par l'otan, elle a été reconstruite il y a peu. Chouette. Je paie mon ticket et m'en vais prendre l'ascenceur. Là sont employés pas moins de cinq personnes. Il n'y a pourtant pas foule. Une fois de plus le monsieur dans l'ascenceur est spécialement glauque, il faut dire qu'on grimpe les quelque 150mètres de la tour en un rien de temps, et sans trop sentir l'accélération (ni la décélération). J'en déduis que les employés doivent se relayer régulièrement dans l'ascenceur, la partie la moins passionnante de ce travail probablement. Le panorama est magnifique, jeP1020241.JPG distingue d'un côté la Save qui coule en direction de Belgrade et de l'autre le Danube qui s'en va vers la Bulgarie. C'est beau comme tout et avant de tomber dans un romantisme larmoyant (ah ah), je prends la décision de descendre - c'est l'heure de la bière aussi. De retour à l'hôtel-restaurant Avala je savoure mon breuvage local ('me rappelle plus le nom, désolé, pas une Jelen en tout cas) et je jouis une dernière fois de cette atmosphère surannée: terrasse à colonnes de pierre, reliefs païens, service d'un autre temps (au demeurant fort professionnel), tout ça pour quelques sous... ah, avant de me laisser piéger par la nostalgie je téléphone à mon taxi qui passe me chercher vingt minutes plus tard. Le soir, pour changer, je suis allé dans un de ces de ces grands restaurants pour touristes, avec de la pseudo-cuisine française, c'était pas bien, j'ai regretté, j'aurais donné beaucoup pour m'envoyer un bon beurek au fromage. Pas grave, on ne m'y reprendra plus, et demain départ pour Novy Sad!

    à suivre ...

  • Voyage en Serbie (3)

    Mercredi 18 juillet, veni, vidi, Dimitri …

    Il faut donner du temps au temps dit Cervantès, et Proust déclare aussi justement que les jours sont peut-être égaux pour une horloge, mais pas pour un homme. Deux journées à Belgrade auront suffi à me faire perdre la notion de ce temps qui me manque tant à Genève. Le rêve. Je suis en mode aléatoire, en pleine dérive, et cette nouvelle journée peut commencer par un vrai déjeuner qu'il me faut alors quérir sur la Knez Mihailova, la rue piétonne où se côtoient boutiques chics et galeries d'art ainsi que de nombreux musées en phase de ré-ouverture annoncée parfois depuis quelques années. Knez Mihailova est aussi le lieu favori d'une sorte de jet-set belgradoise dont la représentation type est la jeune fille en fleur se distinguant par le port d'une robe ravissante, à l'allure inabordable, lunettes noires sur le nez dans une pose impériale. En bordure de cette rue c'est le nom d'un café qui  attire subitement mon attention : Petit Prince (Mali Princ). J'y vois un signe, je m'y assieds et, ô bonheur, la carte propose de nombreux pains maison, sandwichs divers et croissants appétissants. C'est Byzance à Belgrade, ce qui, au regard de l'histoire, est, somme toute, parfaitement normal.

    Après avoir comblé mon estomac, c'est mon désir de culture qu'il s'agit de satisfaire et je pars découvrir le musée Zepter et sa collection d'art contemporain serbe. Une erreur d'appréciation des bâtiments me fait entrer dans une galerie qui expose, à ma grande surprise, Petar Omcikous, peintre serbe dont nous possédons quelques tableaux à la librairie. L'ahurissement parvient à son comble lorsque je tombe face à face avec le portrait de Dimitri, de son vrai nom Vladimir Dimitrijevic, grandP1020231.JPG éditeur (L'Âge d'Homme) et propriétaire de la librairie, décédé le 28 juin 2011 dans un accident de voiture. Je vais immédiatement demander le droit de me prendre en photo près du tableau, ne négligeant aucun détail quant à cette heureuse coïncidence qui me fait me retrouver là juste devant le portrait de celui qui m'a engagé deux ans et demi plus tôt, me faisant immédiatement l'éloge du peintre Petar Omcikous. Plus ennuyé que médusé par mon histoire, le gardien se contente d'une réponse laconique : Faites donc ce que vous voulez ... ce que je m'empresse de faire, puis je visite l'exposition composée principalement de portraits réalisés depuis les années 50 jusqu'au plus récent, effectué en 2010 si mon souvenir est bon. Passé du figuralisme à l'abstraction, pour revenir au figuralisme, le style d'Omcikous approche son paroxysme dans ses portraits. J'aime particulièrement celui de l'écrivain genevois Georges Haldas en rêveur mélancolique qui cherche ses pensées perdues dans un halo verdâtre de fin de journée de juin. C'est une belle exposition qui me donne envie, dès mon retour à Genève, de me plonger dans la lecture du livre sur Omcikous signé Milija Belic et édité à l'Âge d'Homme. Après ça, le musée Zepter, pour intéressant qu'il soit, ne me laissera pas de grands souvenirs. Par contre à sa sortie je jette un oeil à la petite librairie qui jouxte l'entrée du musée et j'y découvre un excellent choix (en serbe) de littérature. W.G.Sebald, Hannah Arendt, Walter Benjamin, et bien d'autres grands noms, honorablement exposés à l'instar des nouveautés vulgaires qui encombrent habituellement les étals des libraires peu inspirés... chapeau  bas.

    Un petit tour à la plage puis retour en ville pour mon premier rendez-vous avec les autochtones, à savoir Bojan, jeune accordéoniste du formidable groupe de post-rock baroque Orkestar "Gradovi utočišta" (voir Vendredi 20 Juillet), qui m'emmène sur les remparts de la forteresse Kalemgdan qui surplombe le Danube et la Save, bel endroit ouvert toute la nuit et possédant quelques terrasses avec des cafés. Ce soir-là a lieu le vernissage du CD 2titres artisanal de Lula Mae, une formation où Bojan joue de l'harmonica. Si l'originalité de Lula Mae n'est pas à chercher dans sa musique qui digère bien les influences pop indé' anglo-saxonnes comme de très lula mae.jpgnombreux groupes européens, sa saveur se trouve plutôt dans la voix de sa chanteuse et la langue, le serbe, dont les sonorités se font ici plus délicates. Mais ce soir le groupe ne joue pas. En effet Milica, Zorana et Bojan se relaient aux platines pour une sélection musicale incluant bien sûr leurs propres titres, mais aussi Elliott Smith, Johnny Cash, The National et bien d'autres jolies choses. La soirée se prolonge juqu'à minuit, à boire des canettes de bière sans manger dans une ambiance sympathique, à parler de la Suisse et de la Serbie avec Bojan et ses amies Mina et Maria. Passablement éméché je vais me prendre un Giros plein de frites au retour. Le lendemain j'ai un peu mal aux cheveux et le Giros au poulet laisse quand même un drôle de goût dans le bec...

    À suivre ...