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Voyage en Serbie (5)

Vendredi 20 juillet, au revoir Belgrade, bonjour Novy Sad, …

Grasse matinée, rangement de l'appartement, sac à dos fermé, et me voilà prêt pour partir à Novy Sad. Bojan va m'y conduire. Je le retrouve donc avec son amie sur la Place de la République. Il fait très chaud, il est 13h00, on a beaucoup de temps devant nous, j'en profite donc pour me faire balader. Premiêre station : un magasin de disque proche de la place. J'avais imaginé une de ces échoppes indépendantes, délabrée, remplie de disques improbables, de vinyles usés, de posters en loque sur les murs, et bien non. L'endroit où on m'emmène est un grand magasin sur plusieurs étages, avec des livres, beaucoup, et un emplacement pour les disques, en sous-sol. Peu de disques en somme... l'habituelle plétore de groupes états.-uniens et anglo-saxons qu'on trouve partout et que de jeunes trentenaires occidentaux, bien renseignés et très originaux, osent définir comme "indé'" (indépendant) ou pire encore : alternatif. Bah. En découvrant un coin avec des films en DVD je m'empresse de demander s'ils ont encore Walter Brani Sarajevo. Et Non, dommage... Je découvre toutefois avec bonheur le rayon des groupes locaux, très nombreux. De la pop, majoritairement, mais aussi du jazz moderne, des compilations de groupes yougoslaves des années 80, entre punk et new-wave, et surtout un mélange de formations issus des quatre coins de l'ex-yougoslavie : des croates, des slovènes, serbes, monté-negrins, bosniaques, tous dans le même bac! Il y a un groupe qui s'apelle Eva Braun. Je me fais confirmer qu'il s'agit bien du nom du groupe - Oui, oui, me dit-on, c'est de la brit-pop, très connu en Serbie. Je vais plutôt acheter deux disques avec des noms moins sulfureux : Urban&4 parce que leurban4_kundera.jpg nom de leur EP me plait - Kundera - et Goribor des croates qui font du jazz aux réminiscences électroniques flirtant parfois avec le trip-hop. Cependant, je ne découvrirais la musique de ces deux groupes qu'une fois revenu en Suisse, jusque là je suis obligé de l'imaginer par les pochettes et le peu d'informations que je peux glaner sur les pochettes. Urban&4 s'est avéré une choix intéressant. Quelque peu rigide (la boîte à rythme), leur musique à de bon relent new-wave, la voix masculine se veut suave, entêtante, on les dirait presque influencé par la musique gothique des années 80 avec un côté plus mystique, et plus actuel. Pas mal du tout. Goribor est trop jazz pour moi, dommage, mais pas inintéressant. Bonne pêche en tout cas. Après ça une dernière salade dans un petit café-restaurant surplombant le Danube, et on se met finalement en route pour Novy Sad.

 

Si la vie est relativement (très) bon marché en serbie, le salaire moyen y est très bas, évidemment : l'équivalent de 300.- euros. Et paradoxalement, le péage autoroutier est très chèr, alors que l'état de l'autoroute laisse, elle, plutôt à désirer. Comme je suis de passage, et vertainement dans l'idée de m'impressioner, on a organisé un superbe bouchon rien que pour moi, avec plein d'acteurs. Au lieu de faire les 80 kilomètres qui sépare la capitale à Novy Sad en trois quart d'heures, il nous en faudra presque le double. Arrivé à Novy Sad je cherche mon hôtel et découvre celui-ci dans une superbe petite cour intérieure proche de la rue piettone Smaj Jovina. Bordée de café, cette longue rue est située au centre de la ville, elle y est son coeur, son noyau d'activité principale pour sortir le soir, ou faire du shopping le jour. C'est très joli, très plat, il y règne une atmosphère vraiment apaisante, très agréable. Seconde ville de Serbie, Novy Sad est actuellement la ville où tout le monde aimerait habiter en Serbie. Je les comprend un peu. Il y a quelque chose de l'Italie du nord, d'Austro-hongrois aussi. C'est vraiment bien. On passe en vitesse au club P1020251.JPGCK13 où jouera ce soir Orkestar Gradovi Utočišta. Je rencontre le responsable de ce centre culturel alternatif visiblement très heureux d'accueillir un "touriste suisse". Visite des lieux : salle de concert, bar, petite bilbiothèque alternative, atelier pour les résidences d'artistes. Le concert de ce soir a lieu dans la cour étrangement décorée (voir photo), en plein air, puisqu'il fait si chaud. On m'explique aussi que les bénévoles qui travaillent dans ce centre sont vegans, une position très alternative en Serbie où l'on mange très volontiers de la viande. Et en parlant de nourriturre, il fait faim. On revient vers le centre situé à dix minutes à peine et à pied du ck13. Tout près de la place principale je découvre par hasard le café Atina où il fait bon prendre une salade avec une bière. Le cadre est magnifique, et les propositions culinaires alléchantes, surtout les gâteaux. Mais comme le temps passe vite, il me faut repartir vers le club.

 

Orkestar Gradovi Utočišta a été fondé par  Ivan Čkonjević, qui habitait auparavant Belgrade mais est venu retrouver son aimée à Novy Sad. Comme il aime le raconter, son déplacement vers la seconde ville de Serbie a d'abord été un traumatisme. En Orkestar.jpgeffet ses concerts solo à Belgrade attirait toujours 100 à 150 personnes, mais lors de sa première prestation à Novy Sad c'est seulement 15 personnes qui vinrent le voir. Sa carrière musicale était terminée - du moins l'a t'il cru pendant quelques jours. Heureusement la motivation est revenue rapidement, et c'est avec cet ensemble qu'il compte maintenant faire parler de lui. La musique se situe quelque part entre le post-rock et la musique de chambre. Ivan compose et joue de la guitare, et ce soir il est accompagné de Bojan à l'accordéon, l'excellent Bora aux percussions, ainsi que deux jeunes musiciennes : Milica pour le violoncelle, et Tijana au violon. Le cadre du concert est fantatsique, et pas moins d'une cinquantaine de personnes sont présentes pour assister à ce concert plein air. Je suis ravi. Les nouvelles compostions, travaillées en groupe cette fois sont encore supérieure aux titres les plus anciens. Pour l'anecdote, lorsqu'Ivan m'a contacté pour l'aider à sortir un disque, je lui ai répondu positivement, puis lui ai envoyé quelques disques de mon label, dont le premier album de Goodbye Ivan. Lorsque le musicien serbe a découvert ce disque il a pris le nom comme un message et a cru que notre collaboration s'arrêtait là : Goodbye Ivan, ah ! Heureusement non. Après le concert je fais connaissance avec quelques personnes, dont une enseignante d'anglais et d'allemand, ce qui me permet de converser un peu dans la langue de Goethe pour changer de mon anglais incertain et de mon serbe inexistant. On se déplace ensuite chez Ivan et son amie Daniela, avec quelques membres du groupe. Le Raki coule à flot pendant que nous parlons de la situation de la Grèce, de l'Europe, de possibles et futures concerts, de Sixteen Horse Power, et d'une multitude d'autres choses que l'alcool me fait rapidement oublier.

à suivre ...

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