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san fermin

  • La carte postale du jour ...

     

    dimanche 29 décembre 2013.jpg

    pop luxuriante bien (trop?) construite, San Fermin illumine à sa manière cette matinée d'hiver moins grise que prévue. Je m'arrête un moment surprit par la beauté sombre de la voix de baryton d'Allen Tate quand il chante "Yeah we steal in the dark like the thieves that we are. We steal in the dark, when we lose what we lost, it happens", puis je me replonge dans un de mes livres de référence sur la littérature au XIXè siècle, à savoir Une littérature sans écrivain de Basile Panurgias, où je lis, amusé : "Après avoir été caché dans les maisons américaines, question de mode, le livre est réapparu comme une "prop", un objet qui a une fonction évocatrice. Les cafés les plus prestigieux, les plus anciens et les plus littéraires n'ont jamais eu de livres sur leurs murs. Les trois beaux cafés du trottoir nord du boulevard Saint-Germain, Les Deux Magots, Le Flore et Le Rouquet sont vierges de livres. Quand Christian de Portzamparc a conçu le Café Beaubourg, l'esprit des lettres françaises était déjà moribond, il y a placé des étagères avec quelques livres. Il est révélateur que la crasse ait pu s'accumuler pendant trente ans sans qu'on se soucie de leur existence ; la manière positive de voir les choses est de se dire que les ouvrages ont été manipulés, même si personne n'a daigné les voler car la valeur marchande d'un livre s'est effondrée.
    Depuis la mode récente de rénovation à l'ancienne de cafés parisiens - fauteuils Thonet en osier et carrelage métro en faïence aux joints noirs -, les livres qui se sont multipliés dans les troquets sont plus lisibles que ceux des Éditeurs, café du VIè arrondissement, et ceux du Café Beaubourg. Au Fumoir, le poche est mis en valeur, la tranche orange des Penguin, et le bleu ciel des Feltrinelli. Chez Panis, quai de Montebello, et au Rubis, avenue du Maine, ce sont les premiers livres de poche, ceux de l'avant-guerre, avec leur couverture minimaliste ocre clair qui depuis a été rigidifiée pour donner cet effet si typique de l'édition française. Ici j'ai passé des heures à feuilleter les ouvrages de Boisleve et d'Axel Munthe, provoquant des regard surpris de la part des serveurs, et oui, les livres sont faits pour être lus ! Quelle frustration de devoir partir après le premier chapitre de L'Homme invisible de H.G. Wells..."