alors voilà : le prochain nécrophile qui me demande un livre sur ou de Mandela je lui plante le ciseau à friser le ruban (pour cadeau) dans la tête. sinon dans un registre plus calme je suis bien heureux d'écouter les ambiances de James Blackshaw (guitare douze cordes) et Lubomyr Melnyk (piano), tout en lisant la troisième partie de la biographie de Jean Rouaud (à paraître en 2014, merci Alodie pour cette copie en avance!), un auteur qui se penche à la fois sur la guerre 14-18 et sur son éditeur - Jérôme Lindon des éditions de Minuit - : "Mais ses considérations formalistes n'étaient que secondaires pour moi. Je pensais déjà que l'écriture est la transcription fidèle de son auteur. Pour peu qu'on en use honnêtement avec elle, elle est le meilleur bureau de renseignement sur soi. Dans son reflet, je m'étais d'abord senti corseté, j'avais vu mon chant entravé. Comment rendre mon chant plus libre et plus libre mon esprit ? Car c'est la même opération, bien sûr. ce qui ne relève nullement de la rhétorique ou d'un remaniement de la syntaxe, comme le croient ceux qui s'appliquent à faire des phrases en espérant qu'on y verra que du feu (la seule information contenue dans leur livre dit ceci : pourvu que le lecteur ne s'aperçoive de rien - ce qui est souvent le cas). C'est un travail de dépouillement, d'abandon, de reddition, pour lequel il n'y a ni bon ni mauvais profil, ni lignes de défense, ni parades, ni poses. Juste la recherche du rien. Si on s'y adonne, l'écriture livrera alors un relevé précis des étapes de cet affranchissement. Et m'aurait-on alors demandé où je voulais en venir, j'aurais répondu que je voyais très bien, à ceci près que j'avais défini comme le seul art poétique qui vaut la peine : Écrire comme ça me chante. L'écriture aura été le papier carbone de ma vie (le papier carbone était cette pelure colorée, noire de suie ou bleu nuit, qui, glissée entre deux feuilles blanches, permettait de reproduire les gribouillages de l'une sur l'autre). Autrement dit, ce que lisait l'éditeur, c'était ma vie."