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catastrophe ballet

  • La carte postale du jour ...

    Dans l'abîme, voilà où était ma place ; dans les trous de serpents, les nids des rats, dans les repaires nauséabonds et visqueux des êtres maudits"
    - Franz Werfel

    samedi 5 juillet 2014.jpg

    Je me souviens d'avoir découvert ce groupe gothique à cause, principalement, du nom de leur label : L'invitation au suicide, et d'avoir découvert grâce à celui-ci (et à son fondateur Yann Farcy), pêle-mêle, la peinture de Max Ernst et Fernand Khnoppf, les écrits d'Isidore Ducasse et ceux de Jean Lorrain, qui ont marqué mon adolescence et me hantent encore.
    Je me souviens de cette légende qui disait que la superbe fille rousse qui officiait au magasin de disques Matchbox (à Genève) piquait les livrets des pochettes, et je n'ai donc pas été surpris d'avoir une copie de cet album sans livret à l'intérieur (et donc sans tracklist), ce qui ne m'a jamais trop chagriné jusqu'à ce jour.
    Je me souviens avoir toujours pensé que l'album Catastrophe Ballet était le plus romantique de leur discographie, le plus bowiesque et de fait le plus réussi, aujourd'hui le seul que je puisse encore écouter, surtout sur les titres les plus lancinants comme ce troublant Blue Hour :

    Can we coincide with drama?
    WIll we live to tell our sons?
    The cancer of childhood continues to grow
    nine days seven times
    lost our first to a thousand answers
    lost our sight to to tide
    can we look away
    or must we look inside?
    Or must we look inside?

    Et c'est en dénichant ce Sabbat de Maurice Sachs que j'ai eu l'idée de ressortir le disque des Christian Death, allez savoir pourquoi... l'homosexualité de l'un et de l'autre ? le fait de "recycler", dans la littérature pour l'un et la musique pour l'autre, les douleurs de la vie ? Sachs est rancunier, avide, mesquin, et brillant, il mourra misérablement, laissant ce formidable journal (ici dans une ancienne version du livre de poche avec une couverture irrésistible!), et ce beau passage sur Max Jacob :

    Contrairement à Cocteau, il faisait un bien véritable aux jeunes gens qui l'approchaient, parce que dans le tumulte de son caractère dénué de calculs, on distinguait assez vite la part de névrose et celle de bonté réelle. Et sauf qu'il vous poussait avec un peu trop d'entêtement au catholicisme (mais moins violemment que Bloy qui disait au visiteur impie : allez d'abord vous faire baptiser, revenez me voir ensuite"), il ne vous donnait que de bons conseils.
    Il me rendit d'abord le signalé service de m'encourager à écrire un livre, que je n'ai jamais publié, mais qui me fit beaucoup de bien à écrire. (C'est extraordinaire comme cela vous vide de vos humeurs la composition d'un roman ! On y sue ses amertumes exactement comme on transpire ses acidités en faisant de la culture physique. C'est sans doute pour cela que tout le monde écrit de nos jours : par hygiène, notre époque étant la plus hygiénique que notre civilisation ait connue ; mais les livres étant écrits, il est recommandable de ne pas les publier, car toute publication engendre des humeurs nouvelles.)