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La carte postale du jour...

"Tout le monde se ressemble et agit de la même façon, et nous ne faisons que progresser dans cette voie."
- Andy Warhol

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Je me souviens d'avoir découvert Depeche Mode dans l'émission Top 50, un soir de retour de l'école, bien que leur musique ne m'était pas étrangère depuis un moment déjà - une fille de ma classe en était fan et des titres comme Everything counts et People are people tournaient sur toutes les radios -, mais ce jour là de 1985 j'avais le groupe sous les yeux avec un Martin Gore tout sourire, torse nu, casquette et pantalon de cuir je crois ; le groupe venait faire la promo d'It's called a heart, une chanson médiocre, mais j'avais bien aimé le clip où les membres du groupe faisaient tourner des caméras attachées à des câbles (ceintures?) au dessus de leurs têtes (j'avais vu un procédé similaire dans le clip In Between days des Cure quelques mois plus tôt, et, du haut de mes 14 ans, je trouvais ça hallucinant), par contre je me demandais vraiment pourquoi diable ils étaient allés filmer leur clip dans un champ de maïs ?!?
Je me souviens bien d'avoir constaté une perte de clinquant au niveau du son juste après le départ du compositeur Vince Clarke, fin 81, tant dans les compositions que dans la production, et qu'il fallait attendre 1986 et même 1989 pour que Depeche Mode opère enfin sa mutation, quoique pour ma part c'est avec Ultra en 1997 que j'ai eu un réel regain d'intérêt envers ce groupe.
Je me souviens aussi que deux titres de 1981, Photographic et Ice Machine - ce dernier étant la face B de Dreaming of me, leur tout premier quarante cinq tours -, comptent parmi mes favoris, et que le nom de Depeche Mode était en lien avec un magazine français de cette époque, le groupe voulant ainsi dénoncer la presse people et la société du spectacle, le nihilisme des années 80 qui débutaient, comme le révèle un tant soit peu le texte de Dreaming of me scandé par un Dave Gahan de 19 ans alors (et qui en faisait plutôt 16 à voir les vidéos de l'époque!) :

Light switch
Man switch
Film was broken only then
All the night
Fused tomorrow
Dancing with a distant friend

Filming and screening
I picture the scene
Filming and dreaming
Dreaming of me

L'Ambition de Iegor Gran est un roman fort amusant, beau portrait d'une génération perdue dans sa quête de singularité, d'individualité forcenée se muant bien souvent en impersonnalité abstraite. On saluera une fois de plus le génie de l'auteur à mettre en relief les mythologies contemporaines et à leur tordre le coup en douceur. On appréciera aussi qu'il se caricature lui-même au beau milieu du roman, donnant à celui-ci une construction très originale. Belle observation des mœurs que voilà, des petites ambitions, des destins qui s'ignorent et qui s'inventent, des impostures érigées en mode de vie...

"Les années ont filé, les lieux communs sont restés. "C'est une question de génération", dit-elle maintenant. "La génération Y est étonnante." Avec ses airs de fin connaisseur elle répète ce qu'elle a lu dans un magazine de salon de coiffure. "Ils ont entre vingt-cinq et trente ans, et ils sont connectés en permanence." Dans son ton, il y a un mélange de fascination et d'effroi. À l'écouter, on pourrait croire qu'une mutation biologique s'est produite. La totalité de leurs besoins vitaux passerait par le réseau, la rencontre amoureuse, la recherche d'emploi, l'achat d'un linceul pour les parents. Le web, plus important que le système sanguin.
 Pourtant, à observer nos jeunes monstres se trémousser sur de la musique standard, échanger des platitudes en roucoulant comme des robots, fumer avec des grands gestes d'autruches, à les voir gober dans leurs gorges roses des alcools en prenant des airs de maîtres du monde, je supputai que les Y étaient d'une banalité comparable à celle de leurs ancêtres, les hommes des générations précédentes, les X, les W, les T, les R..."

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