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La Carte postale du jour ...

"Il chemina jusqu'au quai des Augustins, se promena le long du trottoir en regardant alternativement l'eau de la Seine et les boutiques des libraires, comme si un bon génie lui conseillait de se jeter à l'eau plutôt que de se jeter dans la littérature."

- Balzac, Illusions perdues

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Je me souviens qu'à la première écoute des deux uniques albums de Glorious Din, il y a de cela quelques années à peine, j'ai pensé à la fois à Joy Division mais aussi à R.E.M. (celui des années 80 donc, des premiers disques, Murmur ou Reckoning, de la merveilleuse chanson So central rain I'm sorry par exemple), ce qui, sur le moment, m'a semblé plutôt incongru, puis je me suis ensuite demandé comment diable j'avais pu passer à côté de ce groupe phare de la scène post-punk de San Francisco de la seconde moitié des années 80 !

Je me souviens bien que le chanteur de Glorious Din, Eric Cope (dont le nom d'artiste est un hommage à Julian Cope), a poussé son obsession pour Joy Division jusqu'à nommer son deuxième enfant Ian (en 1980), son propre label Insight (du nom de la chanson de Joy Division) et produire lui-même le second album, Closely watched trains, dans l'idée de reproduire le même style de production que Martin Hannett, le fameux "cinquième musicien" de Joy Division en studio.

Je me souviens aussi d'avoir pensé que Glorious Din, ou du moins son parolier, avait comme point commun avec les Sisters of Mercy une certaine obsession pour le train, qui revient dans plusieurs de leurs chansons, et notamment avec du retard dans le superbe Another train pulls in.

https://www.youtube.com/watch?v=ujjd-b6g304

 

Il y a un proverbe dans le monde du livre qui dit que si on veut se faire une petite fortune dans l'édition, il faut commencer avec une grosse fortune. Il faudrait aussi lire les essais d'Eric Vigne (Le livre et l'éditeur, Klincksieck 2008), de Jean-Yves Mollier (Une autre histoire de l'édition française, La Fabrique 2015) et de François Dosse (les hommes de l'ombre - portraits d'éditeurs, Perrin 2014), ce à quoi je rajouterais comme lecture complémentaire le Journal de stage de Bruno Migdal (pour rire un peu) ainsi que le très intime et beau Jérôme Lindon de Jean Echenoz (pour voir quelle relation particulière entretiennent, parfois, les éditeurs avec un ou plusieurs auteurs). Avec tout ça, il faudra maintenant, pour les intéressés de la chose et, surtout, les jeunes gens de dix-sept à septante-sept ans qui désirent monter une maison d'édition, lire ce petit mais ô combien intéressant livre-témoignage d'Eric Hazan : Pour aboutir à un livre. À travers un grand nombre d'interrogations allant de la construction du catalogue au rapport aux librairies tout en n'oubliant la question du livre numérique, ce livre pourrait avoir des faux airs de guide du parfait petit éditeur - de l'éditeur indépendant -, mais c'est bien mieux encore puisqu'il s'agit de situer l'éthique et la philosophie même des éditions La Fabrique ; leur rapport aux subventions, aux choix des textes, aux traductions, etc. Eric Hazan y parle de son travail, de sa passion, de ce qui l'oppose encore à ce qu'il appelle la "falsification contemporaine", à savoir l'édition commerciale, celle qu'on trouve malheureusement chez bon nombre de libraires, cette édition qui est le fruit pourri de grands groupes, des best-sellers, des listes des meilleurs ventes (en France l'Express, en Suisse l'Hebdo par exemple), des prix littéraires, tout un système auquel de nombreux petits éditeurs indépendants refusent de participer (où ne peuvent pas... la frontière est floue parfois), même si, en éditeur lucide, il n'oublie pas non plus que La Fabrique est aussi un commerce, pas comme les autres, certes, car c'est le commerce de l'esprit, des idées, mais quand on sort des livres, il faut aussi les vendre, et ça, Eric Hazan et son équipe savent le faire, à leur manière, et pour notre plus grand plaisir intellectuel.

 

Extrait de Pour aboutir à un livre, d'Eric Hazan (publié aux éditions La Fabrique) :

"Par quels traits peut-on distinguer une bonne librairie ?

 Avant tout par l'existence d'un point de vue. Aucun livre n'est là par hasard ou parce qu'on en a parlé dans tel média : il est présenté parce qu'il est nécessaire, il est mis en perspective. Les tables sont des ensembles construits. Dans le livre auquel vous avez fait allusion, Roland Alberto, de l'Odeur du temps à Marseille, explique que « l'objectif, c'est une librairie où chaque livre est relié aux autres par un fil fait de rencontres, de lectures, de spéculations, d'erreurs et de notes de bas de page. Le client qui entre va être pris dans cette toile : il a acheté celui-ci, il cherchera celui-là. » La fréquentation des librairies apprend à repérer une telle cohérence en regardant simplement la vitrine.

Ces librairies-là ont-elles un rôle différent des autres, en ce qui concerne l'édition indépendante ?

La production des petites maisons y occupe plus de place que ne le voudrait son poids en termes de chiffre d'affaires, de nombre de volumes publiés - oui, on peut dire que les bonnes librairies indépendantes favorisent l'édition indépendante."

 

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