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Manoeuvres de diversion - Page 38

  • La carte postale du jour ...

    dimanche 19 janvier 2014.jpg

    Une merveille de tricotage artisanal, que cela soit pour l'univers enchanteur des quatre islandaises d'Amiina, ou de celui - littéraire - de l'écrivain suisse Julien Maret, et son très beau second roman qui vient à peine de paraître chez Corti, et dans lequel je m'absorbe volontiers, tant ses descriptions tout en délicatesse sont exquises : "plus bas après le jardin de la mère Soret ; il y avait la menuiserie aux grandes portes ; parfois laissées ouvertes ; avec le vacarme des scies circulaires ; le fatras des bois coupés ; des plots à joncher le sol des restes de papier de verre ; avec l'insistance des ponceuses dans la poussière ; dans le brouillard dans la montagne ; avec l'éreintement des rabots des coups de varlope ; des entailles des encoches ; au milieu des copeaux balayés dans le coin ; et puis aussi ce long tube en toile de jute ; qui aspirait la sciure ; et dans lequel on voulait sauter dedans à pieds joints ; ça avait l'air doux et cotonneux c'était attirant ; il y avait encore les crayons rouges aplatis à courir en long en large ; à prendre les mesures pour les découpes ; avec le double-mètre qui perdait le vernis par endroits les chiffres effacés ; mais il y avait toujours quelqu'un à venir dehors ; le casque sur les oreilles pour venir fumer une cigarette ; qu'on avait rien à faire ici ; que ce n'était pas un lieu pour les enfants ; qu'il fallait loin de par là ; et c'était à s'enfiler entre les planches empilées ; en enfilade sur la place ; recouvertes de plaques de tôle ondulée ; écornées dans les coins des bouts déchirés ; à travers les couloirs en se frottant au bois ; en se prenant des échardes au passage le doigt dans la bouche ; jusqu'au fond dans les replis ; dans les cachettes assis sur de la vieille sciure empâtée ; à trafiquer en sourdine ; à tripoter une capsule de bière ; à rattacher les lacets de ses chaussures ; et puis à graver ses initiales sur les planches ; avec le petit couteau porte-clé ; celui avec le cure-dent et la pince à épiler sur les côtés ; le dos contre le mur loin des regards et loin du monde ;"

  • La carte postale du jour ...

    Pierre Jourde, Current 93À chacun ses classiques, moi c'est ce remarquable album du milieu des années nonante et un groupe qui n'a pas finit de me désenchanter comme sur Calling for vanished faces où David Tibet exalte "The great pain, The great misery, To look and look, To look and look and look, And look and find : Nihil", tout comme Pierre Jourde dont j'apprécie toujours autant la critique combative mêlée d'humour : "On voit ainsi Buren, artiste pompidolien, exposer son œuvre au centre Pompidou, musée national, en l'agrémentant de panneaux féroces expliquant à quel point elle est rejetée par la société. On voit des écrivains être rebelles dans des revues dirigées par Frédéric Beigbeder, insurgés dans des émissions télévisées de Guillaume Durand, révoltés aux éditions Grasset. La rébellion est devenue un objet indispensable, au même titre que le téléphone portable. Il y a des publicitaires rebelles, des mannequins rebelles, des princesses de Monaco rebelles, des patrons rebelles, et aussi des motos, des yaourts, des pantalons, des fromages mous rebelles. Inutile de préciser contre quoi on se rebelle. La rébellion vaut en soi. À l'état pur. C'est une qualité plus qu'un acte."

  • La carte postale du jour ...

     

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    je ne suis pas forcément preneur de la musique du groupe Editors, pourtant j'apprécie grandement ce 10pouces, principalement pour son titre instrumental et sa reprise des Talking Heads, ritournelle au texte situationniste si amusant - "They can tell you what to do, But they'll make a fool of you, And it's all right, baby, it's all right, We're on a road to nowhere" - ; en tout cas cela colle bien avec cette surprise de la rentrée littéraire, un truculent nouveau roman d'Émile Brami, fin connaisseur de l’œuvre de Céline, qui se penche ici avec brio sur la vie littéraire dans son entier, avec beaucoup d'humour, mais aussi de justesse, d'intelligence : "Sur le net, soi-disant écrivains et pseudo-critiques pullulent. Dans ce gigantesque Café du commerce où chacun est certain d'avoir son mot à dire, les blogueurs, sans autre légitimité que celle qu'ils s'arrogent, dont la parole ne vaut ni plus ni moins que celle du consommateur qui donne son avis accoudé au comptoir, fabriquent de la monnaie de singe avec l'espoir de la voir convertir un jour en espèces sonnantes et trébuchantes. Ils rêvent d'échapper dès que possible à l'espace virtuel qui les aura fait connaître pour revenir à la réalité, d'être enfin imprimés sur du bon vieux papier, que les billets de Monopoly accumulés sur la Toile se transmutent, même à perte, en euros."

  • La carte postale du jour ...

    mercredi 8 janvier 2014.jpg

    que de bons souvenirs... ceux d'Orchestral Manoeuvres in the Dark quand ils chantent "My obsession, it's my creation. You'll understand, it's not important now" ou bien ceux d'Anne Wiazemsky quand elle écrit : "Souvent il se retournait vers moi et me souriait si tendrement qu'à mon tour je rougissais. Entre deux plans il me rejoignait pour me demander mon avis, si j'avais bien reçu les livres qu'il m'avait fait livrer le matin même et la lettre d'amour qui les accompagnait. "

  • La carte postale du jour ...

     

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    une nouvelle année qui aura peut-être, comme les précédentes, un goût de déjà vu ? ça n'empêche pas de se la souhaiter bonne. Et si j'hésite à revoir le film Reprise de Joachim Trier - traduit par Nouvelle donne pour la version française -, je me contente, en attendant, des reprises tout en douceur de Scott Matthew ; ici avec le Darklands des Jesus & The Mary Chain "I'm going to the darklands to talk in rhyme with my chaotic soul. As sure as life means nothing. And all things end in nothing. And heaven i think Is too close to hell. I want to move i want to go, I want to go", tout en lisant dans le chaleureux livre dédié à Louis-René des Forêts par l'écrivain François Dominique : "J'aime cette phrase si conforme à ce que je sais de vous : "Malgré le peu de temps à vivre et à cheminer parmi les dépouilles du passé, l'enfant qu'il fut, cet enfant ébloui, il l'est encore aujourd'hui."
    J'ouvre à présent ce livre devant moi et retrouve des pages qui en forme la trame sombre. L'ouvrage tient autant du récit que du journal intime, mais la pudeur avec laquelle le narrateur s'expose, à la troisième personne du singulier, ne laisse aucun doute sur l'identité de celui-ci "pour qui la fidélité en amitié est une règle de vie". Ce fier aveu est aussitôt suivi d'une restriction : "... Sauf quand il s'avère à la longue que chez autrui l'intérêt l'a en partie motivée."

    bonne année ! pleine de musiques, de lectures et d'amitiés !