troisième manœuvre de diversion avec la passionnante et passionnée biographie de Denis Lavant, Échappées belles (aux géniales éditions des Impressions Nouvelles), accompagnée de la musique de Radiohead - les fans les plus assidus comprendront.
beckett
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Échapées Belles
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La carte postale du jour ...
"On ne s'ennuie pas quand on a des ennuis."
- Anatole France, Le crime de SylvesterJe me souviens d'avoir vu les disques de Françoiz Breut de-ci de-là, puis d'avoir un peu oublié cette artiste jusqu'à ce jour de 2012 où j'entendis, à la radio, le duo qu'elle partage avec Frànçois & The Atlas Moutains, En cherchant des ponts, et d'avoir tant aimé que j'ai immédiatement acheté La chirurgie des sentiments, ainsi que l'album de Frànçois & The Atlas, E Volo Love, devenus tous deux de faux jumeaux dans ma collection de vinyles.
Je me souviens bien de m'être dit un jour que Françoiz Breut n'était ni Cat Power, ni Hope Sandoval, encore moins Victoria Legrand de Beach House, mais que, d'une certaine façon, elle valait bien toutes ses collègues d'outre-Atlantique (enfin, sauf Victoria Legrand qui est d'origine française même si le groupe est états-unien) et puis qu'au fond, le plus important, c'était bien le fait qu'elle était toute entière elle même : Françoiz Breut.
Je me souviens aussi m'être dit que BXL Bleuette était parfaite pour évoquer la capitale belge vue par une expatriée, avec son allure de polka mélancolique - je pourrais écouter ce titre en boucle, et chaque fois que je le fais, j'ai envie de retourner là-bas...
Ne me demande plus comment
J'ai pris racine
Sur tes pavés détrempés
Entre les rails de ton tramway
Au fil des années j'aurai sillonné
Tes impasses camouflées, tes boulevards qui s'effritent
Sous ton ciel de perle grise
Deux, trois ans à attendre
Que l'été se présente
Qu'il change ton visage
Les beaux jours finissent toujours
Par arriver...https://www.youtube.com/watch?v=wy_H44u_tXIVoilà un roman qui ne va pas forcément rabibocher les détracteurs d'une forme de roman français autobiographique dénoncé souvent comme autosuffisant, nombriliste et que sais-je encore, à tort, comme à raison d'ailleurs. C'est bien dommage car même si Perdre le nord est à mille lieues du type "roman américain du Midwest", celui des "grands espaces", genre destiné aux lecteurs européens essentiellement, et si on n'est pas non plus dans le polar classique et encore moins scandinave, ce nouveau "roman-roman" de Basile Panurgias parle de ces genres littéraires et même bien plus que cela d'ailleurs, puisqu'il recycle subtilement le matériau de son récit Une littérature sans écrivains, publié chez Léo Scheer en 2012, avec comme thèmes de prédilection : la littérature avant tout, mais aussi le livre, le livre à l'ère Gutenberg 2.0 pour être précis, à l'heure de l'internet, d'Amazon, des occasions à 1 euro, des librairies "traditionnelles" - mais qui servent du café Nespresso -, des éditeurs de beaux livres ancrés dans la terre, le régionalisme, le "local", donc plus vrai, plus authentique, alors que Kafka avait pourtant été très clair : "Loin d'ici, voilà mon but." Ce but est partagé par le narrateur de Perdre le nord : un écrivain qui s'ennuie, envers et malgré tout ! comme il le dit page 51 : "L'ennui ne se maîtrise pas." Séparé de sa compagne danoise, il part à Bruxelles pour y séjourner durant la première moitié du roman, tombant dans une sorte de loose complète et trouvant le réconfort dans les livres, les bons auteurs, les classiques, comme il le signale d'ailleurs page 87 : "Je me sentais merdeux. Mais qu'aurait fait un autre à ma place ? Qu'aurait fait Shakespeare ? Puis la réponse s'imposa comme une évidence. Il aurait écrit." Ce qu'on lit est donc ce qu'écrit le narrateur, qui pourrait bien être Basile Panurgias. Mais à l'instar de ce qui se lit trop souvent dans ce type de roman - la dénonciation des magouilles, de la misère derrière les paillettes, etc. - le narrateur, lui, constate en toute simplicité et, tel un stoïcien, fait avec, mais avec une certaine distance ; il continue sa vie, il continue son récit, un peu comme Beckett dans l'Innommable : "il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer", en dehors du fait que si l'écrivain irlandais répondait à la question "Pourquoi écrivez-vous?" par un "Bonkassa!", Panurgias se demande lui plutôt "Akoibon" (tout en continuant quand même). Le point fort de ce roman, c'est au final une magnifique réflexion sur le "métier" d'écrivain, aujourd'hui. Réflexion placée dans un roman qui tend parfois vers le polar, fait un clin d'œil aux "page turner" américains (pleins de dialogues), un roman souvent drôle (on y croise un éditeur fan d'Anatole France qui finit par vendre son catalogue prestigieux à Amazon!), touche-à-tout, plein de rebondissements et pour le moins picaresque. Pour celles et ceux qui avaient lu L'écrivain national de Joncourt, Éditeur! d'Émile Brami ou encore le Journal de stage de Bruno Migdal, je ne peux que recommander chaleureusement ce nouveau Basile Panurgias qui est un merveilleux livre sur le milieu littéraire (et même les bords, là où se trouve l'abîme) - pour les autres, je recommande toutes ces lectures à la fois. Et je finirais en citant Victor Hugo : "Ceci tuera cela. Le livre tuera l'édifice."
Extrait de Perdre le nord, de Basile Panurgias (publié aux éditions Héloïse d'Ormesson) :
"Quelques jours après mon arrivée à Bruxelles, un ami écrivain débrouillard m'écrivit qu'une fondation finançait une résidence sur la place Sainte-Catherine, au cœur du territoire de la reconquête flamande. À quelques pas de là, je pris mes habitudes à l'Archiduc, un vieux bar avec mezzanine, dans son jus depuis les années 1930. Pendant la guerre, c'était le repaire des nazis en goguette. Après le passage des doryphores, comme on surnommait les Allemands, on a épargné le piano à queue Bösendorfer. Et comme beaucoup de lieux à l'architecture parfaite, chaque époque s'est réappropriée l'Archiduc qui paraît toujours moderne malgré sa patine. Le choix pointu et original de musique - la Belgique est le paradis des risques musicaux - le rend même contemporain. Quelques hipsters flamands qui travaillent dans les boutiques de la rue Antoine-Dansaert sont accoudés au bar. Parfois les fonctionnaires atypiques des institutions européennes viennent s'aventurer ici - ils ont juste le temps de tomber la cravate avant de sortir du taxi pour se précipiter vers la porte à guichet de l'établissement.
C'est ici, naturellement, que je commandais mes cocktails - jamais de bière, comme pour me différencier des autres habitués. Parce qu'il faut bien l'admettre, en quelques jours, j'étais devenu un habitué.
Après la naissance de ma fille, je ne sortais qu'occasionnellement. Je réappris à le faire, mais je n'avais plus la tchatche. La ribambelle d'alcoolos qui faisaient corps avec le bar était d'une autre espèce. Ils parlaient encore le bruxellois et avaient su s'approprier cet endroit devenu rock. L'un deux portait toujours le même perfecto jadis blanc, sillonné maintenant de rides noires et qui semblait tenir grâce aux nombreux pin's et autocollants l'ornant. Un jour, le gars n'est plus venu et ça n'est qu'après quelques semaines d'absence que l'un de nous s'est demandé où il était passé. Personne n'avait ses coordonnées ni même son nom, tout juste savait-on qu'il habitait de l'autre côté du quai du Hainaut. Sa place fut vite prise, un ketje de la nuit en remplace un autre. Ces types ne dansaient jamais. Ils ne draguaient pas non plus. Ils parlaient. Les jeunes, eux, s'agitaient dès qu'une fille entrait. Ils pensaient être discrets et tentaient d'accrocher son regard dans un effet qu'ils jugeaient magnétique. Si elles n'étaient pas accompagnées, les plus jolies ressortaient aussitôt. Les autres, les vilaines comme on dit en Belgique, s'aventuraient au bar. Ici, elles étaient adoptées dans une ambiance rigolarde.
Je me faisais de la peine, il est triste d'être sur le marché au-delà d'un certain âge. Et puis il y a le verre de trop qui trahit, surtout auprès des femmes. Bien sûr, il y a ceux qui veulent être seuls et mourir à petit feu. Puisque j'étais là tous les soirs, ils pensaient que j'étais comme eux. Ils m'offraient des verres, mais comme je buvais des cocktails, deux fois plus chers que des bières, ils hésitaient, ils me traitaient de pédé ou d'étranger pour que je me range à leurs goûts. Je finis par me réfugier aux tables de la mezzanine en fer à cheval, celles d'où l'on peut observer la foule en bas et, de l'autre côté, les amoureux qui savourent des spritz. C'est la position que j'ai adoptée sur les réseaux sociaux : ne rien dire, ne pas déranger, mais jouir de la vue du cirque, à bonne distance."
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La carte postale du jour...
"(...) daß wir nicht sehr verläßlich zu Haus sind
in der gedeuteten Welt"- Rainer Maria Rilke, Élégie de Duino
Je me souviens que ce disque ne s'est pas dévoilé à la première écoute mais qu'il m'a fallu trouver le bon moment, tourner et retourner le vinyle, pour apercevoir dans le dénuement voulu de ces compositions fragiles nourries de mélancolie douce les détails cachés dans les zones d'ombres, comme la voix d'Alexandre Varlet, toute en discrétion, sur deux titres, ou encore ces nappes synthétiques et lointaines qui viennent peu à peu enrober les arpèges de guitare ou le piano, parfois les deux, et là, à cet instant même, le disque s'est révélé dans toute sa simplicité, sa tristesse et sa beauté.
Je me souviens bien que ce nouveau disque de Goodbye Ivan m'a remémoré la musique du pianiste italien Ludovico Einaudi ainsi que celle de James Blackshaw, et que, décidément, s'il fallait déterminer une catégorie à ce projet cela serait celle d'une musique résolument cinématographique, pour mieux écouter les grands espaces, la nature et le calme, le temps qui passe, la musique pour larguer les amarres et se laisser aller au gré des Marées.
Je me souviens aussi d'avoir pensé qu'à une époque où les œuvres artistiques veulent transmettre des messages, prouver leur engagement et nous inciter à nous (re)trouver, ce disque au contraire invite à se perdre, et c'est là bien toute sa force tranquille (dépêchez vous de commander un exemplaire de Marées, c'est une édition limitée) ...
https://www.youtube.com/watch?v=WIIr34SMu9E
Le protagoniste du premier roman de Marion Guillot est frappé d'un nom commun, Paul Dubois, et d'ennui ; il souffre sans souffrir, d'un vouloir sans volonté et d'une pensée sans raisonnement ; redoutant "les endroits sans fenêtre, les tunnels, les mouvements de foule" (page 41) ; il est incapable de se situer dans le monde parce qu'il a perdu le rapport même au monde. Changer d'air est le roman de la vision d'une chute puis d'un effacement, ou plutôt d'un égarement suite à cette vision. Paul Dubois est un peu le Belacqua de Beckett, ("sans identité, à l'abri "), ou même Charles Benesteau, l'anti-héros qui choisi de rompre avec sa vie, de quitter la comédie, comme on peut le lire dans le roman d'Emmanuel Bove, Le Pressentiment. Mais Marion Guillot ne se contente pas d'accompagner Paul Dubois dans son errance, de lui faire quitter la scène d'une comédie pour une autre, elle lui fait quitter la comédie tout court et, elle nous invite nous aussi à nous perdre avec lui, à nous absenter en quelque sorte ; et cet état d'absence - qui fera peut-être fuir certains lecteurs et en attirera d'autres qui veulent Changer d'air (sortie du roman fin août) - c'est ce que Pessoa décrivait si bien dans Le livre de l'intranquillité : "(...) un isolement de nous-mêmes logé tout au fond de nous, mais ce qui nous sépare est aussi stagnant que nous-mêmes, fossé d'eaux sales encerclant notre intime désaccord." - Le néant est en fait une promesse d'ailleurs, et c'est déjà beaucoup.
extrait de Changer d'air, de Marion Guillot :
"Le bateau arrivait. Toujours le même, bleu et blanc, avec sa cabine de pilotage à trois hublots et le logo de la compagnie de transports de la communauté de communes. On pouvait le voir contourner la bouée cardinale avant d'entrer dans le chenal. J'avais presque fini par le rater à rester là debout, seul sur ma terrasse avec mon journal et ma cigarette, seul à éprouver cet instant d'absurde puissance, à me repaître de la satisfaction d'avoir assisté à la scène sans compassion, fier de n'avoir pas porté secours à cette jeune femme qui, de toute évidence, n'en avait pas besoin, profondément heureux, pour la première fois, d'avoir su m'éprouver dans ce qu'ailleurs ou de l'extérieur j'aurais trouver cruel, terriblement heureux, oui, d'avoir eu raison d'être impitoyable, de m'être enfin senti sans me regretter, d'avoir rendu hommage, finalement, à cette étrangère dont je ne saurais rien, qui ne me demanderait rien, de connaître cette joie inoubliable, emprisonnée dans un corps de professeur qui s'apprêtait à une nouvelle rentrée et à retrouver ses classes."
(éditions de Minuit 2015)
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La carte postale du jour ...
"L'excellent Lichtenberg a déclaré : ce qui m'importe ce ne sont pas les opinions de quelqu'un, mais ce que les opinions font de lui.— Certes les opinions ont malgré tout une grande importance, mais la meilleure opinion ne sert à rien si elle ne fait pas quelque chose d'utile de ceux qui la partagent. La meilleure tendance est fausse, sil elle n'indique pas l'attitude par laquelle on doit s'y conformer. Et l'écrivain ne peut l'indiquer que là où il fait vraiment quelque chose : c'est à dire quand il écrit. La tendance est la condition nécessaire jamais la condition suffisante pour que les œuvres possèdent une fonction d'organisation. Elle exige en plus de l'auteur un comportement qui donne des directives et instructions. Et aujourd'hui, on doit plus que jamais l'exiger. Un auteur qui n'apprend rien aux écrivains n'apprend rien à personne. Ce qui est déterminant c'est la caractère de modèle de la production, qui est apte premièrement à guider d'autres producteurs vers la production, deuxièmement à mettre à leur disposition un appareil amélioré. Et cet appareil est d'autant meilleur qu'il entraine plus de consommateurs à la production, bref qu'il est à même de faire des lecteurs ou des spectateurs des collaborateurs."
- Walter Benjamin, Essais sur Bertold Brecht (1930-1940)
Je me souviens avoir découvert la musique de Joy Division durant mon apprentissage de disquaire en 1988, et d'avoir, peu après, acheté une guitare électrique très bon marché dans l'idée de monter un groupe, avec un bassiste aussi dilletante que moi et une boîte à rythme qui relevait un peu le niveau, groupe que j'ai nommé du titre de cette dixième et dernière chanson, probablement la plus sombre de l'album Unknown pleasures : I remember nothing. Je me souviens avoir cru pendant près d'un an cette légende racontée par une connaissance comme quoi Ian Curtis s'était pendu sur scène à la fin d'un concert, jusqu'à lire dans un article ou une biographie, je ne sais plus trop, qu'il s'était en fait pendu dans sa cuisine, cette information contradictoire me faisant sur le moment regretter la première version, bien plus plus proche de mes attentes romantiques de cette époque de mon adolescence. Je me souviens aussi qu'avec ceux de Morrissey, le chanteur des Smiths, les textes de Ian Curtis sont ceux qui m'ont le plus appris sur son auteur, et probablement le plus touchés, comme sur I remember nothing lorsqu'il chante "Me in my own world, the one that you knew, For way too long, We were strangers, for way too long."
Les plaisirs inconnus, Patrick Roegiers nous les fait traverser avec une érudition et un génie sans pareil. Utilisant uniquement sa propre bilbiothèque comme point de départ, il dévellope des listes à foisons où l'on apprend ce que mange les écrivains, comment certains se sont suicidés, et où, qu'elles rapports avaient certain d'entre eux avec la voiture, l'avion, ou encore combien de pages d'autres écrivent par jours, mois, années, et combien de textes sont jetés à la poubelle. Roegiers propose aussi neuf biographies généreuses et drôles Beckett, Céline, Michaux, Claude Simon ou encore Roland Barthes, c'est un feu d'artifice pour qui aime les livres qui parlent de livres, de leurs auteurs, de la littérature. J'adore la conclusion :
"Atteind d'un cancer du poumon qu'il nomme pudiquement "une tumeur des bronches", Georges Perec décède le 3 mars 1982, vers huit heures du soir, à quarante-cinq ans, à l'hôpital Charles-Foix d'Ivry. Peu auparavant, il a pris soin de participer à l'émission de France Cutlure "Les cinquant choses que je voudrais faire avant de mourir". Entre autres celle-ci : "Ranger une fois pour toute ma bilbiothèque." Claude Simon souffre d'insuffisance respiratoire. Sa santé décline. Les séjours à l'hôpital se succèdent. Il meurt d'un malaise cardiaque, le mercredi 6 juillet 2005, vers midi, à quatre-vingt-onze ans. Son décès n'est annoncé qu'après son inhumation, au cimetière de Montmartre, le samedi 9 juillet. Alain Robbe-Grillet a le coeur malade. Deux ans après avoir subi un triple pontage, il est conduit d'urgence à l'hôpital de Caen. Il décède d'une crise cardiaque, dans son sommeil, le lundi 18 février 2008, à trois heures cinquante du matin, à quatre-vingt-cinq ans, et est incinéré le vendredi 22 février au crématorium de Caen. Le 17 octobre 1984, Henri Michaux sent des douleurs insoutenable dans la poitrine. On le transfère à l'hôpital international de l'université de Paris, à la cité universitaire. Perfusion, oxygène, morphine. Il décède le vendredi 19 octobre, à cinq heures trente du matin, des suites d'un infarctus, à quatre-vingt-cinq ans. Après un déjeuner organisé autour de François Mitterand, en se rendant au Collège de France, Roland Barthes est renversé par une camionnette de teinturerie au coin de la rue des Écoles et de la rue Saint-Jacques. On le transporte à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière où sa santé se dégrade. Il sombre dans un coma et meurt à soixante-quatre ans, le mercredi 26 mars 1980, à treize heures quarante, d'une infection mosocomiale. Il est enterré à Urt, auprès de sa mère Henriette, décédée le 25 octobre 1977. Michel Leiris dit ne plus pouvoir écrire depuis la mort de Zette à l'automne 1988. Ses derniers mots à une infermirère qui lui propose une tisane au petit déjeuner : "Non ! Du thé !" Il décède d'un malaise cardiaque dans sa maison de Saint-Hilaire, dans l'Essonne, le dimanche 30 septembre 1990, à quatre-vingt-neuf ans. Incinéré le 4 octobre à onze heures quarante-cinq au columbarium, il rejoint son épouse et son beau-père dans le caveau de la 97° division du Père-Lachaise où ses parents sont enterrés. Ah, qu'il est difficile de quitter la scène ! Finir comme Molière, quoi de plus beau ? Dernier rappel. Ultime salut. "C'est un moment grave. Je meurs", se gausse Roland Dubillard le mercredi 14 décembre 2011, à quatre-ving-huit ans. "De l'intérieur à l'extrétieur, le cercueil muet s'exprime par son monument funéraire." Adieu, le locataire solitaire de La Maison d'os ! "Quoi de plus silencieux que le souvenir d'un grand bruit ?" Rideau. Installé au bord de l'immobile, du silence et de l'attente, Samuel Beckett décède le vendredi 22 décembre 1989, à l'âge de quatre-vingt-trois ans, à la résidence le Tiers-Temps. Il est enterré au cimetière de Montparnasse dans la plus stricte intimité, le lendemain de Noël 1989, à huit heures et demie du matin. "Fini, c'est fini, ça va finir... " Quoi de plus con que mourir ? "La feuille de papier blanc, c'est ma pierre tombale." yant écrit la veille la dernière page de Rigodon, Louis-Ferdinand Céline, âgé de soixante-sept ans, décède d'une rupture d'anévrisme le 1er juillet 1961, à dix-huit heures, après une chaude journée d'été...
NON
NON
NON
sur ma tombe ma seule épitaphe
NON
Pan ! Ernest Hemingway, le chasseur de mots, craignant d'être impuissant, se tire une balle de carabine en pleine tête le lendemain. La mort de Céline n'est connue que le 3 juillet. On l'inhume le 4.
Quel asticot."