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La Carte postale du jour ...

"Je ne comprends pas qu'on laisse entrer les spectateurs des six premiers rangs avec des instruments de musique. Au vestiaire les violons, clarinettes et autres bassons !"
- Alfred Jarry

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Je me souviens d'avoir adoré la reprise qu'avait faite Siouxsie de Spiegelsaal (en anglais Hall of Mirrors) de Kraftwerk, sur son album Through the looking glass, de 1987, et d'avoir soudainement fait plus attention aux textes du groupe allemand qui avait beaucoup à dire sur la société du spectacle et de la consommation des années 70s.

Je me souviens bien de l'influence considérable de Kraftwerk sur David Bowie, qui les invitera à tourner avec lui en 1976 - ce que Kraftwerk refusera poliment, pour lui rendre hommage un an plus tard en chantant De station en station / retour à Dusseldorf City / rencontrer Iggy Pop et David Bowie - ; sur Ian Curtis, qui diffusait parfois Trans Europa Express avant que Joy Division monte sur scène ; sur les pionniers de la Techno comme Juan Atkins, Derrick May et Kevin Saunderson ; et bien sûr Kraftwerk influença New Order qui s'inspirèrent de Europa Endlos pour leur très bon titre Your silent face (1983).

Je me souviens aussi de cette anecdote racontée par un membre de Kraftwerk qui expliquait qu'après un concert parisien, le groupe était allé au Palace (ou aux Bains?) et que le DJ, voulant leur faire plaisir, avait passé Trans-Europa Express, vidant instantanément la piste de danse, ce qui fut un grand moment de solitude pour les musiciens allemands...

https://www.youtube.com/watch?v=qBGNlTPgQII

 

Je n'avais jamais eu vent de cette bande dessinée qui retrace l'histoire de la house music, en croisant la disco, le funk, la soul, la techno de Detroit, la french touch et même la new-wave... heureusement, les éditions Allia ont eu la bonne idée de rééditer ce bel objet réalisé à l'aube des années 2000 par deux fins connaisseurs des musiques, principalement électroniques, mais pas seulement, vous l'aurez compris. Didactique et drôle, ce guide à la narration impeccable a l'élégance de nous guider dans les clubs et de nous faire découvrir les DJs de New York à Paris (manque peut-être la Belgique et l'electronic body music, grands absents de ce recueil...), depuis les années 60 jusqu'à la fin des années 90, et tout ça avec un regard parfois critique, surtout vers la fin du livre où l'on sent que quelque chose ne va plus : tout le monde a voulu monter dans le train de l'électronique, et la machine a comme déraillé. En tout cas, David Blot et Mathias Cousin nous font profiter de leur immense culture musicale en nous donnant régulièrement des listes de chansons par thème : "disco partout", "Chicago et house music", "Detroit techno city" ou encore une liste "Manchester" incluant les Happy Mondays, bien sûr, mais aussi A Certain Ratio, The Fall et les Smiths - génial ! Et puis comme ils sont fans de New Order, on a droit à un cahier spécial sur le groupe, réalisé en 2001 et qui est vraiment bien sympathique, surtout pour l'anecdote racontée par le groupe mancunien déclarant qu'en 1986, alors que les musiciens enregistrent leur album Technique à Ibiza, ils auraient croisé Nico et discuté avec elle, juste avant qu'elle ne reparte sur son vélo et décède une heure plus tard - ils seraient donc les derniers à l'avoir vue ! Presque incroyable... Le chant de la machine est une BD qui tend vers ce que faisait le dessinateur américain Crumb dans les années 60, alors que le texte (ou plutôt "le scénario", signé David Blot) est rédigé dans un style journalistique et humoristique qui rend la lecture aussi facile qu'intéressante, que l'on soit fan de musique électronique, ou pas, passant de la disco new yorkaise au son froid de Kraftwerk pour revenir vers Daft Punk et les premières raves du début des années 90. Un grand moment musical, un livre passionnant et original.

Extrait de Le chant de la machine, de David Blot et Mathias Cousin (publié par les éditions Allia) :

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