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Livre - Page 42

  • la carte postale du 10 octobre ...

     

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    en attendant la neige, je me laisse bercer par les compositions instrumentales du superbe All is falling de James Blackshaw, et je lis dans Une façon de chanter de Jean Rouaud : "Craignait-il de voir resurgir les démons enfouis sous quarante années d'une vie de labeur ? où les emportements de jadis s'étaient-ils dissous dans la routine du quotidien ? Ou avait.-il peur de se confronter au passage du temps, de ne rien reconnaître de ce qu'il avait jadis traversé : les périphéries urbaines tentaculaires, les paysages éventrés par les autoroutes, la mise au pas mécanique des campagnes, les limitations de vitesse, les contrôles plus sévères ? S'interdisait-il de renouer avec ce rêve d'évasion qui l'avait animé autrefois, peut-être s'assurait-il ainsi, par son immobilité, de la permanence des choses, comme s'il avait mis au point pour lui-même une sorte de théorème démontrant que rien ne bouge aussi longtemps qu'on ne bouge pas. Mais son pacte de stabilité l'isolait de plus en plus. Le cercle de sa cécité volontaire se rétrécissait. Jusqu'à ce point aveugle d'où avaient surgi ses larmes dernières."

  • La carte postale du dimanche 9 septembre

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    par un dimanche après-midi pluvieux, alors que J Harvey chante sur le titre The Devil "I go out To the old milestone Insanely expecting You to come there Knowing that I wait for you there That I wait for you there", je lis dans le très beau La lune assassinée de Damien Murith : "Et la mélancolie des ruelles borgnes, et la maigreur des murs qui moussent d'ennui, et les larmes des chemins de poussière, et l'échine de la terre que les années de labours ont cassée, et la monotonie d'un ciel avare : la nuit a tout avalé.

    Alors s'avance le jour et sa lumière infernale."

  • La carte postale du jour ...

     

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    avec comme arrière fond sonore l'orage et les trombes d'eau qui se déversent sur ma terrasse, et alors que Virginia Astley chante "it looks ok until you're there, and then you find that you're alone, i've got you here beside me, but love's a lonely place to be, surely life is worth more", Eric Laurrent écrit dans Ne pas toucher une de ses très longue phrase comme je les aime tant : "Justement je ne connais rien de plus détestable ni de plus morbide que la tendresse je ne vois personnellement en son avènement au sein d'un couple que l'indice de la ruine et de la déchéance des sentiments qui unissent ses deux membres la tendresse c'est le voile pudique et mièvre par lequel on recouvre l'indifférence croissante qu'on éprouve l'un pour l'autre sans oser se l'avouer par peur de la solitude c'est comment dire oui une myopathie du cœur d'ailleurs littéralement ce qui est tendre n'offre pas de résistance et se laisse facilement entamer c'est quelque chose de mou en somme de flasque de mort."
  • La carte postale du samedi 17 août 2013 ...

    samedi 17 aout 2013.jpg

    au son des complaintes lancinantes et méditatives du violoncelle de Julia Kent, je lis dans le Les Pays de Marie-Hélène Lafon : "Armand avait mordu dans le chaud de la vie, étudiant assez de droit pour embrasser une carrière honorable et être dans le monde, dévorant pendant deux décennies des femmes, Proust, Flaubert, Céline, Faulkner, qu'il nommait ses quatre points cardinaux, et quelques autres. Le surgissement, il disait l'apparition au double sens religieux et flaubertien du terme, d'Antoinette Marie et de son violoncelle dans sa vie d'insulaire vertigineux avait rétabli l'ordre cosmique des constellations et il s'était employé, pour le temps qui lui était imparti, à faire maison."
  • La carte postale du dimanche 11 août 2013 ...

     

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    alors que Mogwai chantent "what are they doing in heaven today, where sin and sorrow are all done away? peace abounds like a river, they say. what are they doing there now?", Matthieu Mögevand écrit "Quelques semaines plus tard, occupé à rédiger mon premier roman, je devais tomber sur cette citation de Hermann Hesse qui résumait magnifiquement ce que j'avais éprouvé: "de même agissent et se meuvent et vivent la plupart des hommes d'heure en heure et de jour en jour ; par nécessité, sans que leur volonté y ait part, ils font des visites, mènent des entretiens, passent au bureau leurs heures de travail d'une façon automatique, forcée, involontaire ; tout cela aurait pu, au même titre, être fait par des machines ou n'être pas du tout ; c'est bien cette mécanique éternellement en mouvement qui les empêche, comme moi, de critiquer la vie, de sentir et de reconnaître sa fadeur et sa stupidité, sa tristesse et son vide désespéré."