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Livre - Page 43

  • La carte postale du jour ...

     

    samedi 3 août 2013.jpg

    alors que Brendan Perry de Dead Can Dance chante "when all the leaves have fallen and turned to dust, will we remain entrenched within our ways?", Yukio Mishima écrit "du point de vue de la connaissance, jamais la Beauté n'est consolation. ce peut être une femme, ce peut être une épouse, ce n'est jamais une consolation. cependant, du mariage de la connaissance et de cette Beauté qui n'est pas une consolation, quelque chose naît. quelque chose d'éphémère, de pareil à une bulle, à quoi l'on ne peut absolument rien. oui, quelque chose naît ; et c'est ce que les gens appellent l'Art."
  • La carte postale du jour ...

    jeudi 1er aout 2013.jpg

    alors que Michael Gira des Swans chante "when, when we were young, we had no history, so nothing to lose", Roland Jaccard écrit dans cette biographie où l'on croise de nombreux et sympathiques nihilistes "1961, l'année de mes vingt ans. en ce temps-là, Elvis Presley et Allen Ginsberg étaient les rois du sentiment et le mot amour avait la même force que le mot tuer. j'en faisais l'expérience. Leonard Michaels aussi. je ne savais rien de lui. il aura fallu un demi-siècle pour que je découvre son amour pour Sylvia, pour que je lui dise : désolé, mais votre roman (il s'intitule Sylvia), c'est moi qui aurait dû l'écrire."

  • La carte postale du jour ...

    dimanche 28.07.13.jpg

    alors que Blixa chante "wer bin ich in einer anderen sprache? kommen die metaphern mit mir mit", François Dominique écrit "nous sommes là, tous, dans le récit, dévoilés-secrets, fuyants, immobiles, vertigineux, dans le quotidien toujours moment final, tous, inspirés, ivres, en détresse, portés plus haut comme à la mort, ou courbés, chacun tourné vers un autre, dans un inépuisable respect, parlés, lus, inséparables personnes, la métamorphose impossible ; notre beauté".

  • Manifestation de notre désintérêt, par Jean Rouaud

     "longtemps on a pensé que la seule voie pour corriger les états désastreux du monde était de s'emparer des commandes du pouvoir. de là, appuyant sur les boutons et actionnant les manettes, il serait possible de modifier la figure des choses, réduire l'injustice, éradiquer la misère. et quand la prise de pouvoir semble une perspective trop lointaine on invente de se glisser dans ses rouages pour le subvertir de l'intérieur. mais rien à faire. on ne se subvertit que soi-même."

    manifestation de notre désintérêt.jpgLe livre est petit, l'écriture soignée, d'une intelligence vive, ça respire la poésie, un certain romantisme. On serait presque tenté de le comparer au petit livre à succès de Stéphane Hessel mais cela serait manquer d'originalité. Pour ma part le livre de Jean Rouaud m'a surtout procuré la même émotion que le petit essai intitulé La taille de l'Homme, de notre grand écrivain suisse-romand Ferdinand Ramuz, qui écrivait : "il ne suffit pas de fuir, il faut fuir dans le bon sens". C'est ce que fait Jean Rouaud. Il nous invite à fuir dans le bon sens avec cette Manifestation de notre désintérêt: désintérêt pour les marchés qu'il faudrait rassurer, désintérêt pour les nouvelles technologies, sensées nous rendre la vie plus simple, et j'en passe... c'est que, comme l'indique finalement l'auteur : "pour ce qui nous intéresse, disons qu'il y a de la marge". En peu de pages (24!), Jean Rouaud s'adresse à ceux que ce monde n'enchante plus guère et les invite à se désintéresser du "progrès" dont parlait si bien Walter Benjamin dans ses Thèses sur le concept d'histoire : "Il a le visage tourné vers le passé. Où paraît devant nous une suite d'événements, il ne voit qu'une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d'amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds. Il voudrait bien s'attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus. Mais du paradis souffle une tempête qui s'est prise dans ses ailes, si forte que l'ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse incessamment vers l'avenir auquel il tourne le dos, cependant que jusqu'au ciel devant lui s'accumulent les ruines. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès".

    Espérons seulement que, contrairement à Indignez-vous!, la grande majorité des lecteurs n'iront pas acheter leurs exemplaires dans une Fnac, ou pire encore, sur Amazon...

  • Partir en guerre, d'Arthur Larrue (Allia)

    partir en guerre.JPG"Guerre était célèbre pour avoir dessiné un phallus de soixante-cinq mètres de haut par vingt-sept mètres de large sur un pont en face du quartier général des services secrets. Pour avoir partouzé à six dans une salle du Musée Biologique de Moscou le jour de l'élection de Dimitri Medvedev. Pour avoir retourné dix-huit voitures de police sous prétexte que le ballon de Kaspar s'était glissé dessous et qu'il fallait le lui rendre. Pour avoir lâché vingt-sept chats dans le McDonald de la Place Rouge. Pour avoir volé un poulet cru dans un supermarché, en le cachant à l'intérieur du vagin d'une poétesse qui s'appelait Léna."

    Partir en guerre est le récit des 91 jours qu'à passé l'auteur à Petersbourg il y a un an, partageant le même appartement que les membres de Voïna : guerre en russe. On peut faire un paralèle avec le passage en Russie des protagonistes de Moravagine, le roman de Blaise Cendrars : cent ans plus tard, la même radicalité, la même folie, et cette lutte incessante contre la peur. Et puis ce huit-clos forcé qui mène à la rancoeur, la jalousie, la folie... l'amour aussi. La police chasse, la voisine dénonce. C'est aussi une bonne réflexion sur l'art comme vecteur de changement dans nos sociétés : alors qu'ici c'est on joue "la révolution avec la permission de la préfecteure", pour reprendre les mots d'Umberto Eco, en Russie l'art peut être une provocation qui mène directement en prison. L'exemple le plus proche de nous restant les très médiatisées Pussy Riot, dont une membre est une ancienne du groupe Voïna. Arthur Larrue est une belle découverte, sans parler du photographe Raphaël Lugassy dont l'une des photos, tirée de la collection Monde paralèlle, illustre merveilleusement la couverture de ce petit livre paru chez Allia.