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Blog - Page 43

  • La carte postale du dimanche 11 août 2013 ...

     

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    alors que Mogwai chantent "what are they doing in heaven today, where sin and sorrow are all done away? peace abounds like a river, they say. what are they doing there now?", Matthieu Mögevand écrit "Quelques semaines plus tard, occupé à rédiger mon premier roman, je devais tomber sur cette citation de Hermann Hesse qui résumait magnifiquement ce que j'avais éprouvé: "de même agissent et se meuvent et vivent la plupart des hommes d'heure en heure et de jour en jour ; par nécessité, sans que leur volonté y ait part, ils font des visites, mènent des entretiens, passent au bureau leurs heures de travail d'une façon automatique, forcée, involontaire ; tout cela aurait pu, au même titre, être fait par des machines ou n'être pas du tout ; c'est bien cette mécanique éternellement en mouvement qui les empêche, comme moi, de critiquer la vie, de sentir et de reconnaître sa fadeur et sa stupidité, sa tristesse et son vide désespéré."
  • La carte postale du jour ...

     

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    alors que Brendan Perry de Dead Can Dance chante "when all the leaves have fallen and turned to dust, will we remain entrenched within our ways?", Yukio Mishima écrit "du point de vue de la connaissance, jamais la Beauté n'est consolation. ce peut être une femme, ce peut être une épouse, ce n'est jamais une consolation. cependant, du mariage de la connaissance et de cette Beauté qui n'est pas une consolation, quelque chose naît. quelque chose d'éphémère, de pareil à une bulle, à quoi l'on ne peut absolument rien. oui, quelque chose naît ; et c'est ce que les gens appellent l'Art."
  • La carte postale du jour ...

    jeudi 1er aout 2013.jpg

    alors que Michael Gira des Swans chante "when, when we were young, we had no history, so nothing to lose", Roland Jaccard écrit dans cette biographie où l'on croise de nombreux et sympathiques nihilistes "1961, l'année de mes vingt ans. en ce temps-là, Elvis Presley et Allen Ginsberg étaient les rois du sentiment et le mot amour avait la même force que le mot tuer. j'en faisais l'expérience. Leonard Michaels aussi. je ne savais rien de lui. il aura fallu un demi-siècle pour que je découvre son amour pour Sylvia, pour que je lui dise : désolé, mais votre roman (il s'intitule Sylvia), c'est moi qui aurait dû l'écrire."

  • La carte postale du jour ...

    dimanche 28.07.13.jpg

    alors que Blixa chante "wer bin ich in einer anderen sprache? kommen die metaphern mit mir mit", François Dominique écrit "nous sommes là, tous, dans le récit, dévoilés-secrets, fuyants, immobiles, vertigineux, dans le quotidien toujours moment final, tous, inspirés, ivres, en détresse, portés plus haut comme à la mort, ou courbés, chacun tourné vers un autre, dans un inépuisable respect, parlés, lus, inséparables personnes, la métamorphose impossible ; notre beauté".

  • Manifestation de notre désintérêt, par Jean Rouaud

     "longtemps on a pensé que la seule voie pour corriger les états désastreux du monde était de s'emparer des commandes du pouvoir. de là, appuyant sur les boutons et actionnant les manettes, il serait possible de modifier la figure des choses, réduire l'injustice, éradiquer la misère. et quand la prise de pouvoir semble une perspective trop lointaine on invente de se glisser dans ses rouages pour le subvertir de l'intérieur. mais rien à faire. on ne se subvertit que soi-même."

    manifestation de notre désintérêt.jpgLe livre est petit, l'écriture soignée, d'une intelligence vive, ça respire la poésie, un certain romantisme. On serait presque tenté de le comparer au petit livre à succès de Stéphane Hessel mais cela serait manquer d'originalité. Pour ma part le livre de Jean Rouaud m'a surtout procuré la même émotion que le petit essai intitulé La taille de l'Homme, de notre grand écrivain suisse-romand Ferdinand Ramuz, qui écrivait : "il ne suffit pas de fuir, il faut fuir dans le bon sens". C'est ce que fait Jean Rouaud. Il nous invite à fuir dans le bon sens avec cette Manifestation de notre désintérêt: désintérêt pour les marchés qu'il faudrait rassurer, désintérêt pour les nouvelles technologies, sensées nous rendre la vie plus simple, et j'en passe... c'est que, comme l'indique finalement l'auteur : "pour ce qui nous intéresse, disons qu'il y a de la marge". En peu de pages (24!), Jean Rouaud s'adresse à ceux que ce monde n'enchante plus guère et les invite à se désintéresser du "progrès" dont parlait si bien Walter Benjamin dans ses Thèses sur le concept d'histoire : "Il a le visage tourné vers le passé. Où paraît devant nous une suite d'événements, il ne voit qu'une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d'amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds. Il voudrait bien s'attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus. Mais du paradis souffle une tempête qui s'est prise dans ses ailes, si forte que l'ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse incessamment vers l'avenir auquel il tourne le dos, cependant que jusqu'au ciel devant lui s'accumulent les ruines. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès".

    Espérons seulement que, contrairement à Indignez-vous!, la grande majorité des lecteurs n'iront pas acheter leurs exemplaires dans une Fnac, ou pire encore, sur Amazon...