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en attendant la neige, je me laisse bercer par les compositions instrumentales du superbe All is falling de James Blackshaw, et je lis dans Une façon de chanter de Jean Rouaud : "Craignait-il de voir resurgir les démons enfouis sous quarante années d'une vie de labeur ? où les emportements de jadis s'étaient-ils dissous dans la routine du quotidien ? Ou avait.-il peur de se confronter au passage du temps, de ne rien reconnaître de ce qu'il avait jadis traversé : les périphéries urbaines tentaculaires, les paysages éventrés par les autoroutes, la mise au pas mécanique des campagnes, les limitations de vitesse, les contrôles plus sévères ? S'interdisait-il de renouer avec ce rêve d'évasion qui l'avait animé autrefois, peut-être s'assurait-il ainsi, par son immobilité, de la permanence des choses, comme s'il avait mis au point pour lui-même une sorte de théorème démontrant que rien ne bouge aussi longtemps qu'on ne bouge pas. Mais son pacte de stabilité l'isolait de plus en plus. Le cercle de sa cécité volontaire se rétrécissait. Jusqu'à ce point aveugle d'où avaient surgi ses larmes dernières."
par un dimanche après-midi pluvieux, alors que J Harvey chante sur le titre The Devil "I go out To the old milestone Insanely expecting You to come there Knowing that I wait for you there That I wait for you there", je lis dans le très beau La lune assassinée de Damien Murith : "Et la mélancolie des ruelles borgnes, et la maigreur des murs qui moussent d'ennui, et les larmes des chemins de poussière, et l'échine de la terre que les années de labours ont cassée, et la monotonie d'un ciel avare : la nuit a tout avalé.
Alors s'avance le jour et sa lumière infernale."