l'une des mes pochettes de disque favorites et celle du second album de Joy Division. en opposition, l'un des couverture de livre qui m'a le plus répugnée cette fin d'année - et ce probablement pour longtemps! - est celle de Pop Yoga, un livre, pourtant, qui redonne envie de s'intéresser à la culture pop, des Beatles à Joy Division en passant par les films de Kurosawa (Kiyoshi donc). Pop Yoga c'est comme superposer les lectures de Lipstick traces de Greil Marcus et celle du Matin des magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier ! Et alors que Ian Curtis déclame sur Atrocity Exhibition "And I picked on the whims of a thousand or more, Still pursuing the path that's been buried for years, All the dead wood from jungles and cities on fire, Can't replace or relate, can't release or repair, Take my hand and I'll show you what was and will be" je lis dans le livre de Pacôme Thiellement : "À quoi peuvent bien "servir" le suicide de Marylin Monroe, l'assassinat de J.F.Kennedy ou la mort accidentelle de Catherine Ballard, la femme de l'auteur (J.G. Ballard), si ce dernier ne peut pas les transfigurer dans une œuvre d'art qui en détourne la puissance sinistre et les magnifie éternellement ? Comme le dit un des personnages du roman (Crash) : "Il tente de relier toutes les choses entre elle - avec cette affaire Kennedy, par exemple. Il veut tuer Kennedy une nouvelle fois, mais d'une façon qui, cette fois, ait un sens." Il y a un écho de cette ambition dans la musique de Joy Division, que Genesis P.Orridge comparera à un jihad esthétique. Le jihad est la guerre que l'homme fait contre lui-même et contre ses instincts pour répondre à l'appel de dieu. Le jihad esthétique est le combat de l'artiste contre ses propres déterminations pour accomplir son œuvre, dans toute sa grandeur et son inactualité, à travers toutes les impossibilités qu'il rencontre, qu'elles viennent du dehors, comme du plus profond de lui-même. Face à ça, la mort n'est plus guère qu'un accident de parcours, une rencontre malheureuse..."
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La carte postale du jour ...
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La carte postale du lundi 23 décembre
alors voilà : le prochain nécrophile qui me demande un livre sur ou de Mandela je lui plante le ciseau à friser le ruban (pour cadeau) dans la tête. sinon dans un registre plus calme je suis bien heureux d'écouter les ambiances de James Blackshaw (guitare douze cordes) et Lubomyr Melnyk (piano), tout en lisant la troisième partie de la biographie de Jean Rouaud (à paraître en 2014, merci Alodie pour cette copie en avance!), un auteur qui se penche à la fois sur la guerre 14-18 et sur son éditeur - Jérôme Lindon des éditions de Minuit - : "Mais ses considérations formalistes n'étaient que secondaires pour moi. Je pensais déjà que l'écriture est la transcription fidèle de son auteur. Pour peu qu'on en use honnêtement avec elle, elle est le meilleur bureau de renseignement sur soi. Dans son reflet, je m'étais d'abord senti corseté, j'avais vu mon chant entravé. Comment rendre mon chant plus libre et plus libre mon esprit ? Car c'est la même opération, bien sûr. ce qui ne relève nullement de la rhétorique ou d'un remaniement de la syntaxe, comme le croient ceux qui s'appliquent à faire des phrases en espérant qu'on y verra que du feu (la seule information contenue dans leur livre dit ceci : pourvu que le lecteur ne s'aperçoive de rien - ce qui est souvent le cas). C'est un travail de dépouillement, d'abandon, de reddition, pour lequel il n'y a ni bon ni mauvais profil, ni lignes de défense, ni parades, ni poses. Juste la recherche du rien. Si on s'y adonne, l'écriture livrera alors un relevé précis des étapes de cet affranchissement. Et m'aurait-on alors demandé où je voulais en venir, j'aurais répondu que je voyais très bien, à ceci près que j'avais défini comme le seul art poétique qui vaut la peine : Écrire comme ça me chante. L'écriture aura été le papier carbone de ma vie (le papier carbone était cette pelure colorée, noire de suie ou bleu nuit, qui, glissée entre deux feuilles blanches, permettait de reproduire les gribouillages de l'une sur l'autre). Autrement dit, ce que lisait l'éditeur, c'était ma vie."
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La carte postale du jour ...
plus de chauffage depuis trois jours, le temps est au beau, mais l'air est glacial ; rien de mieux pour réchauffer l'atmosphère que d'écouter mon titre préféré des Mountain Goats, "Against pollution", où John Darnielle chante "A year or so ago, I worked at a liquor store, And a guy came in, Tried to kill me so I shot him in the face, I would do it again, I would do it again. When the last days come, We shall see visions. More vivid than sunsets, Brighter than stars. We will recognize each other, And see ourselves for the first time, The way we really are." tout en relisant ce bon observateur des mœurs contemporaines, adepte de la phrase longue et qui plus talentueux langagier, Éric Laurrent : "J'étais invité le soir même à un raout privé, donné tout près de chez moi, dans un bar à la mode de la rue Oberkampf (elle-même fort en vogue depuis quelques années, ayant vu en une demi-décennie à peine, par ce phénomène de gentrification que connaissent tous les anciens quartiers ouvrier de Paris depuis le milieu des années 1950, la plupart de ses boutiques et ateliers céder la plcve à des cafés et des restaurants, essentiellement destinés à cette frange de la population œuvrant dans les secteurs émergents de l'activité économique, tels les nouvelles technologies, la publicité ou le design, et que la vulgate sociologique désigne par le terme de "bourgeoisie bohème", établissement où, dans une pénombre enfumée, bruyante de conversations et de musique émise à fort volume, de jeunes et jolies serveuses à l'accent provincial vous apportent de mauvaise grâce, tarifés aussi lourdement qu'ils sont chichement mesurés, des vins de Californie, des spiritueux slaves, des cocktails sud-américains, ainsi que, préparés par des immigrés sri-lankais dont on aperçoit dans le cadre du passe-plat les silhouettes affairées en cuisine, des mets tout ce qu'il y a de plus rustique), pour célébrer le lancement d'une revue de luxe, aujourd'hui défunte, dont la promotion de la "transversalité des cultures et des sexes" constituait la raison d'être.
Illustrant parfaitement l'assouplissement récent des codes vestimentaires en vigueur jusque-là, lequel se traduisait par l'ennoblissement de nippes ressortissant au plus grand négligé, ainsi que par leur association, que l'on eût tenue naguère encore pour une faute de goût, avec des éléments très habillés pour eux, telle que celle d'une robe fourreau et de chaussures de sport, d'un smoking et de brodequins, d'un tailleur et de tongs, d'une bleu de chauffe et de souliers à boucle, d'un jogging et de bottines vernies, d'un jean baggy et d'escarpins, d'une jupe au genou droite et de collants résille, d'un blouson de motocycliste et d'une chemise à jabot, d'un sweat-shirt à capuche et d'un pantalon à pinces, ou bien encore d'un chemisier et d'un paréo, d'un maillot de peau à bretelles et d'une cravate, d'un tee-shirt et d'une jaquette, d'un battle-dress et d'un caraco, se doublant en prime (cet assouplissement des codes vestimentaires, donc) d'un relâchement très net des règles de la bienséance, lesquelles semblaient désormais autoriser l'exhibition des nombrils, la monstrations des soutiens-gorge (dont on distinguait les bonnets et bretelles sous des débardeurs en tricot, aux mailles très ajourées, ou des tuniques de tulle à demi transparentes), voire des petites culottes, des slips et des caleçons (dont on surprenait la bordure de dentelle ou le galon élastique au creux de nombreux reins), ainsi que le port de jeans sales, pour ne pas dire crasseux, le fussent-ils artificiellement, ou de pantalons oversized, qui bâillaient sous les fesses et s'affaissaient en accordéon sur les chevilles, jusqu'à trainer par terre, deux cent personnes environ se pressaient là, sous la grande et haute verrière, aux carreaux translucides, tavelés de rouille et de lichens, de cet ancien atelier de métallurgie, dans une atmosphère appesantie et moite par la perspiration des chairs promiscues et les vapeurs alcoolisées des eaux de toilette et des haleines." -
La carte postale du jour ...
il est parfois bon de revenir à la Littérature, celle de Claure Louis-Combet, François Dominique, Maurice Blanchot ou encore Pierre Michon, mais ce dimanche c'est auprès de Christian Doumet que j'ai décidé de passer un moment ; et alors que Virgina Astley chante avec la fragilité d'une enfant "And light shall shine from the stars, And rain will fall on this eart, And sorrow shall pour in my heart, As the flowers appear on earth, The darkness has reached its end I'm told, And love is stronger than hate, Iron it rusts as stone decays, And force shall always...", je lis dans Feu à volonté : "Mieux voudrait renoncer, bien sûr. Mais les tristes idées sont notre pleine mer. Nous y cherchons je ne sais quelle évasion, quelle guérison contre l'intraitable épicure qui nous tient dans sa féodalité. Nous voyons bien qu'elles sont là pour nous autres, qu'on les a mises en travers du pays en notre intention, comme des pierres noires et luisantes auxquelles revenir chaque nuit, qu'on nous demande chaque nuit de repolir un peu plus afin de nous laisser, nous les tendres, les friables, par elles mieux façonner. Tristes idées !"
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La carte postale du samedi 7 décembre 2013
Vini Reilly chante faux, néanmoins certaine de ses chansons sont belles à pleurer, comme lorsqu'il chante sur Wheels turning "I'm waiting for the earth to turn green, Everything you are, Is in the sun that shines, I'm waiting for the wheels, To turn to bring you home ", et que je lis un autre solitaire esseulé - Akira Mizubayashi - : "Toutefois, à l'écart des échevelés bavards et de la foule apathique, quelques solitaires, par-ci par-là, s'enfermaient, muets, dans la lecture. Ils avaient honte... honte de quoi ? honte de ne pas avoir honte, honte de l'absence de honte. Je faisais partie de ceux-là. L'étranger, La Nausée, Crime et châtiment, Les Fleurs du mal, Une saison en enfer, Résurrection, Le Rouge et le Noir, Madame Bovary, etc., autant de livres qui passaient de main en main presque clandestinement comme pour s'opposer à l'arrogance de la loquacité ambiante. La littérature me paraissait relever d'un autre ordre de parole. Elle tendait vers... le silence."