Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • La carte postale du jour ...

    dimanche 27 octobre 2013.jpg

    pendant que Simon Topping, le chanteur d'A Certain Ratio, chante de sa voix grave et monocorde qui n'est pas sans rappeler celle de Ian Curtis "I tried to carry some memories, but jealousy just creeps back into my mind" je lis dans l'excellent Tyrannicide de Giulio Minghini : "L'art est avant tout un jeu de soustraction, disait quelqu'un (mais qui? impossible de m'en souvenir). Aussi, j'ai furieusement écrémé, coupé, trié. Je n'ai gardé qu'environ un tiers du livre et soigneusement dissimulé (non, je n'ai pas eu le cœur, à l'instar de Gogol, de le détruire. J'ose encore une espérer en une gloire tardive ou du moins posthume). J'avais à l'époque quarante ans, ma vie était presque complètement figée dans son architecture d'habitudes et de relations, et toutefois il lui manquait quelque chose, oui, UNE chose."

  • La carte postale du jour ...

     

    jeudi 24 octobre 2013.jpg

    bercé par le rock instrumental de l'album The earth is not a cold dead place du groupe Explosions in the sky, tantôt rythmé et abrasif, tantôt mélancolique et lent, je lis au début de ce nouveau livre de Jean Clair intitulé Les derniers jours : "La journée sera sombre et pluvieuse. il tombe des cordes. me voilà ramené à mon enfance, lorsque je me trouvais privé de pouvoir sortir et rejoindre mes copains, prisonnier dans la chambre.
    Derrière les vitres, poudrées de petits cristaux de pluie, grandit dans une lumière assombrie mon envie de lire et d'écrire.

    Autrefois, je lisais pour ralentir mes impatiences, la lecture était capricieuse. Lire aujourd'hui réchauffe un froid intérieur et elle exige temps et continuité."

  • la carte postale du 17 octobre

     

    jeudi 17 octobre 2013.jpg

    le soleil me tourne le dos pour bientôt se cacher et pendant que Ian Curtis chante "Walk in silence, Don't turn away, in silence. Your confusion, My illusion", je feuillette le Journal Volubile de Vila-Matas et tombe sur ce passage que j'aime tant : "J'ai entendu dire que la seule manière de soigner son âme et de tendre moins la corde que l'arc de mon esprit pointe vers l'avenir. Mais en ce moment, je suis seul et le soir tombe; je vois de ma fenêtre le dernier reflet du soleil sur le mur de la maison d'en face. Bien que la corde de mon esprit soit mon tendue que l'arc, il est vrai que tant le moment de la journée que ce dernier reflet ne me semblent pas dans le contexte le plus adéquat pour viser le néant. Et, comme si c'était trop peu, je me souviens de La soif du mal avec Marlène Dietrich, regard très froid, impavide, sortant tout à trac à Orson Welles après lui avoir jeté les lettres au visage : "tu n'as pas d'avenir."."

  • la carte postale du 13 octobre

    dimanche 13 octobre 2013.jpg

    alors que les Swans oscillent entre feu et glace dans cette bande sonore pour les aveugles où Michael Gira chante (sur All lined up) "I see them sucking on the dirt, As if ihnaling the whole world", je lis dans le très bon essai d'Antonio Munoz Molina sur la crise espagnole - intitulé Tout ce que l'on croyait solide - : "Le plus difficile à se rappeler de cette année 2006, c'est à quel point on a voulu qu'elle soit 1931 et 1936. Obsédés par l'ouverture des fosses communes, nous n'entendions pas le fracas des excavatrices qui ouvraient de toutes parts des tranchées pour construire des maisons et des blocs d'habitations sur des terres agricoles requalifiées par des maires prévaricateurs, sur des zones humides et des forêts protégées, sur les abords du littoral restés vierges jusque-là et sur n'importe quelle surface où l'on pouvait creuser des fondations."

  • la carte postale du 10 octobre ...

     

    jeudi 10 octobre 2013.jpg

    en attendant la neige, je me laisse bercer par les compositions instrumentales du superbe All is falling de James Blackshaw, et je lis dans Une façon de chanter de Jean Rouaud : "Craignait-il de voir resurgir les démons enfouis sous quarante années d'une vie de labeur ? où les emportements de jadis s'étaient-ils dissous dans la routine du quotidien ? Ou avait.-il peur de se confronter au passage du temps, de ne rien reconnaître de ce qu'il avait jadis traversé : les périphéries urbaines tentaculaires, les paysages éventrés par les autoroutes, la mise au pas mécanique des campagnes, les limitations de vitesse, les contrôles plus sévères ? S'interdisait-il de renouer avec ce rêve d'évasion qui l'avait animé autrefois, peut-être s'assurait-il ainsi, par son immobilité, de la permanence des choses, comme s'il avait mis au point pour lui-même une sorte de théorème démontrant que rien ne bouge aussi longtemps qu'on ne bouge pas. Mais son pacte de stabilité l'isolait de plus en plus. Le cercle de sa cécité volontaire se rétrécissait. Jusqu'à ce point aveugle d'où avaient surgi ses larmes dernières."