Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique - Page 37

  • La carte postale du jour ...

    Pierre Jourde, Current 93À chacun ses classiques, moi c'est ce remarquable album du milieu des années nonante et un groupe qui n'a pas finit de me désenchanter comme sur Calling for vanished faces où David Tibet exalte "The great pain, The great misery, To look and look, To look and look and look, And look and find : Nihil", tout comme Pierre Jourde dont j'apprécie toujours autant la critique combative mêlée d'humour : "On voit ainsi Buren, artiste pompidolien, exposer son œuvre au centre Pompidou, musée national, en l'agrémentant de panneaux féroces expliquant à quel point elle est rejetée par la société. On voit des écrivains être rebelles dans des revues dirigées par Frédéric Beigbeder, insurgés dans des émissions télévisées de Guillaume Durand, révoltés aux éditions Grasset. La rébellion est devenue un objet indispensable, au même titre que le téléphone portable. Il y a des publicitaires rebelles, des mannequins rebelles, des princesses de Monaco rebelles, des patrons rebelles, et aussi des motos, des yaourts, des pantalons, des fromages mous rebelles. Inutile de préciser contre quoi on se rebelle. La rébellion vaut en soi. À l'état pur. C'est une qualité plus qu'un acte."

  • La carte postale du jour ...

     

    editors,éditeur!,émile brami,heads

    je ne suis pas forcément preneur de la musique du groupe Editors, pourtant j'apprécie grandement ce 10pouces, principalement pour son titre instrumental et sa reprise des Talking Heads, ritournelle au texte situationniste si amusant - "They can tell you what to do, But they'll make a fool of you, And it's all right, baby, it's all right, We're on a road to nowhere" - ; en tout cas cela colle bien avec cette surprise de la rentrée littéraire, un truculent nouveau roman d'Émile Brami, fin connaisseur de l’œuvre de Céline, qui se penche ici avec brio sur la vie littéraire dans son entier, avec beaucoup d'humour, mais aussi de justesse, d'intelligence : "Sur le net, soi-disant écrivains et pseudo-critiques pullulent. Dans ce gigantesque Café du commerce où chacun est certain d'avoir son mot à dire, les blogueurs, sans autre légitimité que celle qu'ils s'arrogent, dont la parole ne vaut ni plus ni moins que celle du consommateur qui donne son avis accoudé au comptoir, fabriquent de la monnaie de singe avec l'espoir de la voir convertir un jour en espèces sonnantes et trébuchantes. Ils rêvent d'échapper dès que possible à l'espace virtuel qui les aura fait connaître pour revenir à la réalité, d'être enfin imprimés sur du bon vieux papier, que les billets de Monopoly accumulés sur la Toile se transmutent, même à perte, en euros."

  • La carte postale du jour ...

    mercredi 8 janvier 2014.jpg

    que de bons souvenirs... ceux d'Orchestral Manoeuvres in the Dark quand ils chantent "My obsession, it's my creation. You'll understand, it's not important now" ou bien ceux d'Anne Wiazemsky quand elle écrit : "Souvent il se retournait vers moi et me souriait si tendrement qu'à mon tour je rougissais. Entre deux plans il me rejoignait pour me demander mon avis, si j'avais bien reçu les livres qu'il m'avait fait livrer le matin même et la lettre d'amour qui les accompagnait. "

  • La carte postale du jour ...

     

    jeudi 2 janvier 2014.jpg

    une nouvelle année qui aura peut-être, comme les précédentes, un goût de déjà vu ? ça n'empêche pas de se la souhaiter bonne. Et si j'hésite à revoir le film Reprise de Joachim Trier - traduit par Nouvelle donne pour la version française -, je me contente, en attendant, des reprises tout en douceur de Scott Matthew ; ici avec le Darklands des Jesus & The Mary Chain "I'm going to the darklands to talk in rhyme with my chaotic soul. As sure as life means nothing. And all things end in nothing. And heaven i think Is too close to hell. I want to move i want to go, I want to go", tout en lisant dans le chaleureux livre dédié à Louis-René des Forêts par l'écrivain François Dominique : "J'aime cette phrase si conforme à ce que je sais de vous : "Malgré le peu de temps à vivre et à cheminer parmi les dépouilles du passé, l'enfant qu'il fut, cet enfant ébloui, il l'est encore aujourd'hui."
    J'ouvre à présent ce livre devant moi et retrouve des pages qui en forme la trame sombre. L'ouvrage tient autant du récit que du journal intime, mais la pudeur avec laquelle le narrateur s'expose, à la troisième personne du singulier, ne laisse aucun doute sur l'identité de celui-ci "pour qui la fidélité en amitié est une règle de vie". Ce fier aveu est aussitôt suivi d'une restriction : "... Sauf quand il s'avère à la longue que chez autrui l'intérêt l'a en partie motivée."

    bonne année ! pleine de musiques, de lectures et d'amitiés !

  • La carte postale du jour ...

    lundi 30 décembre 2013.jpg

    Cover without a record est une œuvre de João Paulo Feliciano, qui est un clin d’œil à celle de Christian Marclay qui s'intitulait Record without a cover, qui, comme son nom l'indique, consistait en un disque sans pochette, alors qu'ici il s'agit bien d'une pochette sans disque. Et ce vide (ou ces possibilités infinies) colle parfaitement avec ma dernière lecture de l'année, à savoir La conjuration de Philippe Vasset, dont le protagoniste cherche le vide, l'inutile, la ruine dans la ville... et j'aime beaucoup ce passage : "La tête pleine d'images de ruines et de désastre, je me suis arrêté, juste avant la sortie, devant un local retraçant l'histoire du centre. Parmi les photographies et les plans, l'architecte Antoine Grumbach ("marchand de ville", comme il se qualifiait lui-même dans un film diffusé en boucle) avait exposé quelque livres dont la lecture avait supposément inspiré la conception du Millénaire. Parmi ces ouvrages figuraient Molloy de Beckett, Ulysse de Joyce et Je me souviens de Perec. Le visiteur était censé comprendre que l'implantation du Millénaire à Aubervilliers participait de la création contemporaine la plus radicale. Que, bien sûr, c'était un espace d'achat, mais que c'était tellement plus que cela : un laboratoire pour la ville de demain, un jalon dans l'histoire de l'architecture durable, bref, une véritable fresque, presque une vision généreusement offerte aux regards des consommateurs venus remplir leur réfrigérateur ou s'équiper en électroménager.
    Ainsi, non seulement on m'avait chassé de ma retraite favorite pour construire un centre commercial, mais on avait poussé le vice jusqu'à le faire au nom d'écrivains que j'aimais (la référence à Georges Perec, que je vénère, n'était ni plus ni moins qu'un affront personnel caractérisé). Une colère froide me submergea et je me mis à gribouiller, rageur, des commentaires hostiles, voire franchement insultants, sur le cahier destiné à recueillir les remarques des visiteurs.
    En proie à une fureur allant sans cesse croissant, je rêvais d'une bombe cadastrale qui saurait détruire l'ordonnance de Paris et rendre la ville à l'inconnu. J'appelais sur les façades trop propres du Millénaire à une guerre sourde, à un conflit sans nom capable d'étoiler ces baies vitrées et ces dallages vernissés. Mais, dans Paris caserné, aucun orage ne s'amoncelait jamais sur l'horizon du bâti. incessamment balayées par les caméras et les signaux GPS, les rues étaient vides de tout désordre, et personne n'essayait de forcer un passage dans les défenses de la ville."