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Blog - Page 38

  • La carte postale du jour ...

     

    editors,éditeur!,émile brami,heads

    je ne suis pas forcément preneur de la musique du groupe Editors, pourtant j'apprécie grandement ce 10pouces, principalement pour son titre instrumental et sa reprise des Talking Heads, ritournelle au texte situationniste si amusant - "They can tell you what to do, But they'll make a fool of you, And it's all right, baby, it's all right, We're on a road to nowhere" - ; en tout cas cela colle bien avec cette surprise de la rentrée littéraire, un truculent nouveau roman d'Émile Brami, fin connaisseur de l’œuvre de Céline, qui se penche ici avec brio sur la vie littéraire dans son entier, avec beaucoup d'humour, mais aussi de justesse, d'intelligence : "Sur le net, soi-disant écrivains et pseudo-critiques pullulent. Dans ce gigantesque Café du commerce où chacun est certain d'avoir son mot à dire, les blogueurs, sans autre légitimité que celle qu'ils s'arrogent, dont la parole ne vaut ni plus ni moins que celle du consommateur qui donne son avis accoudé au comptoir, fabriquent de la monnaie de singe avec l'espoir de la voir convertir un jour en espèces sonnantes et trébuchantes. Ils rêvent d'échapper dès que possible à l'espace virtuel qui les aura fait connaître pour revenir à la réalité, d'être enfin imprimés sur du bon vieux papier, que les billets de Monopoly accumulés sur la Toile se transmutent, même à perte, en euros."

  • La carte postale du jour ...

    mercredi 8 janvier 2014.jpg

    que de bons souvenirs... ceux d'Orchestral Manoeuvres in the Dark quand ils chantent "My obsession, it's my creation. You'll understand, it's not important now" ou bien ceux d'Anne Wiazemsky quand elle écrit : "Souvent il se retournait vers moi et me souriait si tendrement qu'à mon tour je rougissais. Entre deux plans il me rejoignait pour me demander mon avis, si j'avais bien reçu les livres qu'il m'avait fait livrer le matin même et la lettre d'amour qui les accompagnait. "

  • La carte postale du jour ...

     

    jeudi 2 janvier 2014.jpg

    une nouvelle année qui aura peut-être, comme les précédentes, un goût de déjà vu ? ça n'empêche pas de se la souhaiter bonne. Et si j'hésite à revoir le film Reprise de Joachim Trier - traduit par Nouvelle donne pour la version française -, je me contente, en attendant, des reprises tout en douceur de Scott Matthew ; ici avec le Darklands des Jesus & The Mary Chain "I'm going to the darklands to talk in rhyme with my chaotic soul. As sure as life means nothing. And all things end in nothing. And heaven i think Is too close to hell. I want to move i want to go, I want to go", tout en lisant dans le chaleureux livre dédié à Louis-René des Forêts par l'écrivain François Dominique : "J'aime cette phrase si conforme à ce que je sais de vous : "Malgré le peu de temps à vivre et à cheminer parmi les dépouilles du passé, l'enfant qu'il fut, cet enfant ébloui, il l'est encore aujourd'hui."
    J'ouvre à présent ce livre devant moi et retrouve des pages qui en forme la trame sombre. L'ouvrage tient autant du récit que du journal intime, mais la pudeur avec laquelle le narrateur s'expose, à la troisième personne du singulier, ne laisse aucun doute sur l'identité de celui-ci "pour qui la fidélité en amitié est une règle de vie". Ce fier aveu est aussitôt suivi d'une restriction : "... Sauf quand il s'avère à la longue que chez autrui l'intérêt l'a en partie motivée."

    bonne année ! pleine de musiques, de lectures et d'amitiés !

  • La carte postale du jour ...

    lundi 30 décembre 2013.jpg

    Cover without a record est une œuvre de João Paulo Feliciano, qui est un clin d’œil à celle de Christian Marclay qui s'intitulait Record without a cover, qui, comme son nom l'indique, consistait en un disque sans pochette, alors qu'ici il s'agit bien d'une pochette sans disque. Et ce vide (ou ces possibilités infinies) colle parfaitement avec ma dernière lecture de l'année, à savoir La conjuration de Philippe Vasset, dont le protagoniste cherche le vide, l'inutile, la ruine dans la ville... et j'aime beaucoup ce passage : "La tête pleine d'images de ruines et de désastre, je me suis arrêté, juste avant la sortie, devant un local retraçant l'histoire du centre. Parmi les photographies et les plans, l'architecte Antoine Grumbach ("marchand de ville", comme il se qualifiait lui-même dans un film diffusé en boucle) avait exposé quelque livres dont la lecture avait supposément inspiré la conception du Millénaire. Parmi ces ouvrages figuraient Molloy de Beckett, Ulysse de Joyce et Je me souviens de Perec. Le visiteur était censé comprendre que l'implantation du Millénaire à Aubervilliers participait de la création contemporaine la plus radicale. Que, bien sûr, c'était un espace d'achat, mais que c'était tellement plus que cela : un laboratoire pour la ville de demain, un jalon dans l'histoire de l'architecture durable, bref, une véritable fresque, presque une vision généreusement offerte aux regards des consommateurs venus remplir leur réfrigérateur ou s'équiper en électroménager.
    Ainsi, non seulement on m'avait chassé de ma retraite favorite pour construire un centre commercial, mais on avait poussé le vice jusqu'à le faire au nom d'écrivains que j'aimais (la référence à Georges Perec, que je vénère, n'était ni plus ni moins qu'un affront personnel caractérisé). Une colère froide me submergea et je me mis à gribouiller, rageur, des commentaires hostiles, voire franchement insultants, sur le cahier destiné à recueillir les remarques des visiteurs.
    En proie à une fureur allant sans cesse croissant, je rêvais d'une bombe cadastrale qui saurait détruire l'ordonnance de Paris et rendre la ville à l'inconnu. J'appelais sur les façades trop propres du Millénaire à une guerre sourde, à un conflit sans nom capable d'étoiler ces baies vitrées et ces dallages vernissés. Mais, dans Paris caserné, aucun orage ne s'amoncelait jamais sur l'horizon du bâti. incessamment balayées par les caméras et les signaux GPS, les rues étaient vides de tout désordre, et personne n'essayait de forcer un passage dans les défenses de la ville."

  • La carte postale du jour ...

     

    dimanche 29 décembre 2013.jpg

    pop luxuriante bien (trop?) construite, San Fermin illumine à sa manière cette matinée d'hiver moins grise que prévue. Je m'arrête un moment surprit par la beauté sombre de la voix de baryton d'Allen Tate quand il chante "Yeah we steal in the dark like the thieves that we are. We steal in the dark, when we lose what we lost, it happens", puis je me replonge dans un de mes livres de référence sur la littérature au XIXè siècle, à savoir Une littérature sans écrivain de Basile Panurgias, où je lis, amusé : "Après avoir été caché dans les maisons américaines, question de mode, le livre est réapparu comme une "prop", un objet qui a une fonction évocatrice. Les cafés les plus prestigieux, les plus anciens et les plus littéraires n'ont jamais eu de livres sur leurs murs. Les trois beaux cafés du trottoir nord du boulevard Saint-Germain, Les Deux Magots, Le Flore et Le Rouquet sont vierges de livres. Quand Christian de Portzamparc a conçu le Café Beaubourg, l'esprit des lettres françaises était déjà moribond, il y a placé des étagères avec quelques livres. Il est révélateur que la crasse ait pu s'accumuler pendant trente ans sans qu'on se soucie de leur existence ; la manière positive de voir les choses est de se dire que les ouvrages ont été manipulés, même si personne n'a daigné les voler car la valeur marchande d'un livre s'est effondrée.
    Depuis la mode récente de rénovation à l'ancienne de cafés parisiens - fauteuils Thonet en osier et carrelage métro en faïence aux joints noirs -, les livres qui se sont multipliés dans les troquets sont plus lisibles que ceux des Éditeurs, café du VIè arrondissement, et ceux du Café Beaubourg. Au Fumoir, le poche est mis en valeur, la tranche orange des Penguin, et le bleu ciel des Feltrinelli. Chez Panis, quai de Montebello, et au Rubis, avenue du Maine, ce sont les premiers livres de poche, ceux de l'avant-guerre, avec leur couverture minimaliste ocre clair qui depuis a été rigidifiée pour donner cet effet si typique de l'édition française. Ici j'ai passé des heures à feuilleter les ouvrages de Boisleve et d'Axel Munthe, provoquant des regard surpris de la part des serveurs, et oui, les livres sont faits pour être lus ! Quelle frustration de devoir partir après le premier chapitre de L'Homme invisible de H.G. Wells..."