Il parait que c'est un peu ma ligne, sinon ma destinée, de n'avoir pas où reposer ma tête.
- extrait d'une lettre de Maurice Sachs datant de 1942
Je ne me souviens plus si j'ai acheté ce maxi chez Divertimento ou Sounds, mais je pencherais pour le second disquaire, probablement peu de temps avant le passage du groupe au Palladium en 1988, aux côtés de Sad Lovers & Giants (nul) et The Essence ('suis parti après deux titres...) - ce soir là And Also The Trees furent magique.
Je me souviens bien de quelques anecdotes amusantes sur le groupe ; comme le fait que le frères Jones disposaient dans les années nonante d'un stock impressionnant d'invendus de leur deuxième album, Virus Meadow, en version limitée contenant un 45tours, et que, pensant ne jamais arriver à les vendre et pour gagner un peu de place chez eux, ils avaient décidé de tout jeter, ce qu'ils ont bien sûr amèrement regretté quand, dès la décade suivante, le public délaissa le format compact disc pour revenir au vinyle...
Je me souviens aussi qu'And Also The Trees ont toujours eu un lien particulier avec Genève, en y jouant en 1988, en 1992, 1994, et de très nombreuses fois ensuite jusqu'à ce concert acoustique dans la salle des abeilles du Palais de l'Athénée en juin 2009, ou encore ce mémorable concert au Casino-Théâtre en 2012 où ils jouèrent une magnifique version de Shaletown qui reste à ce jour l'un de mes titres favoris de ce groupe qui continue sa flânerie singulière, bon an mal an, depuis près de trente cinq ans, avec talent.
On the blue-green rising, falling tide
Breathing in the pebbles
Sighing out the salt breezeChaff is blowing from the stubble fields
Leaving the dried earth land it threads the gate
Tunnel hedges
Old man's beard
Sticking to the wild plums
Old man's beard
And follows the pot-holed tracks
That lead to Shaletown
The ox-man's soul forever turns around
And ploughs the stubble field
Caught in the lonely mile
Between the roads to Shaletown
He watches the chaff leave his dry brown eye
And swing over rose-hip stile
To Shaletown
Under bronze-red sunset, cobweb clouds
Dipping to the shadows
Dancing through the dead trees
Over carts that struggle up the hills
Sticking into the sweat and blistered hands
Nailed sacks flap
From blackened walls
Flailing arms to welcome
From blackened walls
In to the groaning heart of Shaletown
The ox-man turns and walks into the wind
Towards the ceaseless sea
Ploughing the lonely mile
As chaff settles in Shaletown
The machines they groan and the hammers they pound
As night falls on Shaletown
The chaff settles in Shaletown
" Je revoyais clients et amis... Combien, à chaque tentative de départ, ils s'étaient montrés profondément affectés. "La librairie, disaient-ils, est le seul endroit où nous puissions venir reposer notre esprit. Nous y trouvons l'oubli et le réconfort, nous y respirons librement. Elle nous est plus que jamais nécessaire. Restez ! "Je compris cette nuit-là pourquoi j'avais pu supporter l'accablante atmosphère des dernières années à Berlin... J'aimais ma librairie, comme une femme aime, c'est-à-dire d'amour.Elle était devenue ma vie, ma raison d'être.L'aube me trouva assise à ma place habituelle devant ma table de travail, au milieu des livres.La librairie paraissait presque irréelle dans la première lueur du jour.Alors je me levais pour faire mes adieux...je passais de rayon en rayon, caressant tendrement le dos des livres... Je me penchais sur ls exemplaires numérotés. Combien de fois avais-je refusé de céder l'un ou l'autre par attachement !Je relisais les dédicaces d'auteurs. Certains n'étaient plus. Ni Claude Anet... Comme il m'avait parlé avec enthousiasme de sa vie en Russie ! Ni Henri Barbusse... Il m'avait raconté ses souvenirs de Roumanie, de Russie, de Lénine... Ni Crevel, jeune, fantasque, inquiétant dans sa fougue et dans son pessimisme.Certaines dédicaces évoquaient un instant de sympathie, d'autres un hommage éphémère... Tous ces trésors allaient rester. Quelles mains en prendraient soin?Je cherchais auprès de mes livres réconfort et encouragement.Et subitement je perçus une mélodie infiniment délicate... Elle venait des étagères, des vitrines, de partout où les livres menaient leur vie mystérieuse.J'étais là, j'écoutais...C'était la voix des poètes, leur consolation fraternelle à ma grande détresse. Ils avaient entendu l'appel de leur amie et faisaient leurs adieux à la pauvre libraire dépossédée de son royaume.Les premiers bruits du matin me rappelèrent à la réalité."